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La Grande Traversée des Alpes par le GR5 et le GR55, seul, en autonomie et en 23 jours

by 22 Fév 2024Articles à la une, France, Voyages

En septembre 2023, je me suis lancé un défi de taille : réaliser la Grande Traversée des Alpes (GTA) par le GR5 et le GR55. Ce périple de 563km s’est étalé sur 23 jours, en solitaire, avec plus de 32158m de dénivelé positif et 32846m de dénivelé négatif, du lac Léman (Saint-Gingolph) jusqu’à Nice (les pieds dans la mer). Le défi était aussi de l’accomplir en autonomie. J’ai transporté tout mon équipement de couchage (tente, sac de couchage, matelas…), ainsi que ma nourriture pour les 12 premiers jours, un colis m’attendait ensuite à mi-parcours.

L’envie de relever ce défi est née car je souhaitais m’engager dans un long périple de plusieurs jours en montagne, en solitaire, pour mettre à l’épreuve mes limites physiques et mentales. De plus, je souhaitais absolument découvrir toutes les merveilles des Alpes et j’ai été servi !

C’était une aventure jalonnée de moments de joie, de doutes,
de rencontres, de paysages grandioses et de solitude.

Un périple que je te raconte en détail dans cet article. J’y relaterai mon expérience, détaillerai le matériel que j’ai emporté et donnerai des conseils ainsi que des bons plans. Tout au long de cette aventure, j’ai tenu un journal de bord, je partagerai donc certains extraits avec toi pour que tu puisses vivre avec moi mes émotions et suivre presque en temps réel mon parcours (ces passages seront indiqués entre guillemets).

Grande Traversée des Alpes
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1. En quelques mots, la Grande Traversée des Alpes, c’est quoi ?

La Grande Traversée des Alpes (GTA) est en fait un segment du GR5, un sentier de grande randonnée qui relie la mer du Nord à la Méditerranée, traversant les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse et la France sur une distance d’environ 2600km.

Le tronçon de la Grande Traversée des Alpes débute depuis le lac Léman (Saint-Gingolph) jusqu’à la Méditerranée (Nice), couvrant une distance d’environ 600km. Certains randonneurs choisissent de commencer leur périple à Thonon-les-Bains et de terminer à Menton. À noter que plusieurs variantes sont possibles tout au long du parcours et la traversée peut se réaliser du Nord vers le Sud ou du Sud vers le Nord. Le parcours est prévu en 36 étapes, avec des possibilités d’arrêts dans des refuges, des hôtels ou des sites de bivouac… Tout est possible.

La Grande Traversée des Alpes permet aussi de partir à la découverte de plusieurs parcs nationaux tels que la Vanoise, le Queyras et le Mercantour où une faune et une flore incroyables sont préservées.

Grande Traversée des Alpes
Grande Traversée des Alpes

2. Ma grande traversée des alpes

2.1. J0, J0 bis – 30, 31 août 2023 : Préparation et prédépart

« Le J0, je suis excité à l’idée de partir ! Avant de me rendre à la gare de Bruxelles-Midi en voiture, je pense à plein de choses : – est-ce que j’ai oublié quelque chose ? Et si les trains ont du retard, je fais quoi ? Pas de blessures, pas de blessures ! –

À 10h, je remplis mon sac et je vérifie une dernière fois si j’ai bien tout ce dont j’ai besoin. Ouf, mon sac pèse +-17,3kg, sans compter l’eau, c’est déjà ça ! 

C’est Ophélie, mon épouse, qui m’accompagne jusqu’à la gare. Si elle était plutôt détendue il y a quelques jours, son niveau de stress a augmenté ces dernières 48h. Une fois arrivés à la gare, on prend le temps de boire un petit café et de manger une gaufre de Liège en attendant le train. »

Grande Traversée des Alpes
Grande Traversée des Alpes
« À 18h15, il est temps de se diriger vers le quai. Le train approche et on se quitte un peu triste. En montant dans la voiture, l’adrénaline commence tout doucement à faire son effet. À travers la vitre du train, je perçois les yeux humides d’Ophélie, même si elle ne verse pas une larme. Que d’émotions ce départ ! À 18h25, le train démarre. Je fixe le siège devant moi, inspire profondément, puis expire d’un coup sec et prononce les mots – c’est parti ! – »
« Mon esprit est maintenant entièrement focus sur mon objectif. »

« Je suis désormais en route pour un trajet de 2h jusqu’à Cologne.

Arrivé à Cologne, mon prochain train est prévu dans 40min, mais il est annoncé avec un retard de 15min. Tant mieux, car à Bâle, je dois attendre 4h, donc autant utiliser ce temps ailleurs avant de rester immobile pendant plusieurs heures au même endroit.

Après 4h de train, j’arrive enfin à Bâle. Le trajet est vite passé, entre autres, grâce au wifi et à une prise pour charger mon téléphone.

Il est 01h15, je dois patienter jusqu’à 05h01. En explorant la gare, je remarque que plusieurs personnes avec des bagages attendent également. Tout en me baladant, je cherche un endroit sécurisé pour patienter, mais tous les bancs sont occupés. Finalement, je trouve un hall où se trouve un restaurant, les tables ne sont pas rangées et un père et son fils sont déjà installés. Je décide donc de m’y asseoir aussi, même si le restaurant est fermé. Pas de stress, j’ai bien remis ma chaise en partant. Je suis assez rassuré par la présence de ces deux personnes, car la gare est ouverte en continu et il y a parfois des gens louches qui y circulent. Tellement rassuré, qu’à un moment donné je pique du nez et m’endors quelques minutes. Malgré tout, je reste vigilant, car si mon sac disparait, tout mon voyage serait alors compromis. Pour faire passer le temps, j’alterne entre la marche dans le hall et la contemplation du plafond. Puis, ne sachant plus quoi faire, je décide de regarder un petit film Netflix grâce au wifi disponible dans la gare. Vers 4h, je décide de faire un dernier tour dans la gare pour que la dernière heure passe plus vite, puis je finis par m’installer sur un banc sur le quai d’où partira mon train en direction d’Olten.

Mes nombreuses randonnées avec de longues heures de marche m’ont appris à être encore plus patient. Attendre 4h seul dans une gare est un bon exercice avant mon périple.

En prenant mon train à 5h, je sens que je suis complètement épuisé. Ouille ! Il me faudra absolument du repos durant la journée. »

Grande Traversée des Alpes
Grande Traversée des Alpes

« Une fois arrivé à Olten, je prends une correspondance pour Lausanne, puis une autre pour Saint-Maurice, avant de terminer par un dernier train qui me conduit jusqu’au lac Léman. À mon arrivée au camping, personne n’est à l’accueil, mais une pancarte m’invite à m’installer en attendant le retour de la personne responsable. Après avoir trouvé mon emplacement, je croise quelques personnes venues pour le Swisspeaks (un trail qui se déroule donc dans le canton du Valais). Une fois enregistré à l’accueil, je tente de me reposer, mais c’est difficile. Je me réveille sans cesse. La chaleur est étouffante à l’intérieur de ma tente, alors je décide de dormir à l’extérieur. À chaque fois que je me réveille, je suis assailli par de petits moments de doute, me demandant dans quoi je me suis embarqué, mais cette pensée s’en va rapidement, car ma motivation reprend le dessus ! »

Grande Traversée des Alpes
Grande Traversée des Alpes

Je suis donc parti en train jusqu’au lac Léman deux jours avant le grand départ, histoire de bénéficier d’une journée de repos avant de commencer la marche.

Pour trouver un billet de train, j’ai regardé sur le site Trainline qui m’a proposé un itinéraire jusqu’à Saint-Maurice. Le voyage a duré 14h06 au total, avec 4 correspondances. Autrement dit, j’ai bien fait de prendre une journée de repos. En plus, j’ai voyagé de nuit, avec une correspondance de 4h à la gare de Bâle, entre 00h59 et 05h01, ce qui signifie que je n’ai pas beaucoup dormi. Une fois arrivé à Saint-Maurice, j’ai pris un autre train jusqu’à Port-Valais, où j’ai réservé une nuit de camping. J’ai profité de cette journée du 31 pour me reposer après une longue nuit blanche.

Le trajet de Bruxelles-Midi à Saint-Maurice m’a couté 59,75€ en réservant plusieurs mois à l’avance et celui de Saint-Maurice à Port-Valais : 9CHF (9,40€). Pour rejoindre le camping, j’ai dû descendre à l’arrêt Bouveret.

Si je devais répéter ce long trajet, je choisirais de le faire en journée et probablement avec un jour de repos supplémentaire avant de commencer l’aventure, car lors de ma première journée, j’ai senti que j’avais besoin de quelques heures de sommeil supplémentaires.

Le camping Rive-Bleue, où j’ai passé ma journée de repos et dans lequel j’ai monté ma tente pour la nuit, est seulement à 10min à pied de la gare. Cette nuit au camping m’a couté 18,25CHF (19,09€).

En ce qui concerne mon itinéraire, j’avais prévu de réaliser cette Grande Traversée en 24 jours (tu vas comprendre pourquoi ce chiffre a changé en cours de route en lisant la suite), en me laissant un jour de marge. On ne sait jamais si un jour un orage était trop intense et qu’il soit déconseillé de marcher ou si j’avais simplement besoin d’une journée de repos. Mon parcours a donc commencé à Saint-Gingolph et s’est terminé environ 563km plus loin, à Nice. Si je ne suivais que le GR5, le trajet ferait environ 600km, mais j’ai décidé d’emprunter une variante par le GR55 (bifurcation à La Leisse), car plusieurs blogs le recommandaient. Effectivement, le segment du GR5 entre La Leisse et Modane passe par plusieurs stations de ski et le paysage n’est pas aussi spectaculaire que sur le reste du parcours.

Voici quelques chiffres (Komoot) : en moyenne par jour, il était prévu de marcher 23,5km, en 8h50, avec un dénivelé positif de 1262,5m et un dénivelé négatif de 1278,3m.

Plus loin dans l’article, je te proposerai mon itinéraire final en détail. J’ai choisi de ne pas inclure celui prévu initialement pour éviter toute confusion. 

Tu peux retrouver ma trace gpx ici et si toute la prépa de mon sac t’intéresse, c’est par ici.

2.2. J1 – 01 septembre 2023 : Saint-GingolphAbri de Chevenne

Prévisions de Komoot : 17,4 km / 8h34 / 1840D+ / 1000D-

« C’est le premier jour ! Je me lève à 4h du matin pour prendre le train assez tôt et commencer à marcher à 6h. J’établis comme routine de me lever tous les jours à 5h et de démarrer à 6h. Il y a plusieurs raisons à cela : cela me permet de prendre de longues pauses si nécessaires, d’avoir plus de temps de repos l’après-midi et de pouvoir discuter avec d’autres randonneurs, d’éviter les orages potentiels qui surviennent généralement en fin de journée, de profiter du lever du soleil (c’est magique !) et de marcher au frais pendant une bonne partie de la journée. »

Grande Traversée des Alpes
Grande Traversée des Alpes
« J’arrive au départ de la Traversée à 5h40. Il fait encore noir et personne n’est aux alentours. Le départ se trouve au bord du lac Léman. Il y a un banc, une pancarte et une flèche indiquant la direction. Je savoure un moment l’instant, je prends quelques photos et je partage une ou deux stories sur mes réseaux sociaux. À 6h, je jette un petit coup d’œil vers le lac et vers le ciel, je prends une grande inspiration et c’est parti ! »
« Quelle sensation de fouler ces premiers mètres ! Je ressens un mélange
de joie, d’appréhension, de doutes, de fierté et d’espoir. » 
Grande Traversée des Alpes
Grande Traversée des Alpes

« À peine 10m parcourus et ça monte déjà raide ! Un premier jour qui plonge directement dans le bain, il faut bien justifier les 1840m de D+. Après même pas 10min de marche, je me perds déjà, ça commence bien ! Heureusement, je retrouve le bon chemin après 5min grâce à ma montre, mais je me dis que si les indications sont aussi mal indiquées, ça risque d’être compliqué.

Je commence déjà à sentir mes cuisses bien travailler ! Par contre, les premiers paysages sont déjà magnifiques ! Je ne croise personne toute la matinée, à part une chèvre. »

Grande Traversée des Alpes
Grande Traversée des Alpes

« Ce premier jour est éprouvant, je dois l’avouer, je subis ! Manque de repos ? Temps d’adaptation nécessaire ? Au fur et à mesure de ma progression, je commence à ressentir cruellement le manque de sommeil malgré ma journée de repos, ça me met un petit coup de stress pour la suite. Je remets en question ma condition physique sur le long terme. »

Grande Traversée des Alpes
Grande Traversée des Alpes

« Aujourd’hui, je fais de nombreuses micropauses, c’est une journée difficile. Après +- 7h00 de marche j’arrive au lieu de bivouac que j’avais repérer sur une carte en préparant mon itinéraire. Il s’agit en fait d’un abri pour les randonneurs près d’un parking où les personnes viennent se garer avant de partir en rando. Arriver tôt me permet de prendre le temps de me reposer. Je n’installe pas tout de suite ma tente, car les règles de bivouac sont strictes et dépendent aussi de l’endroit où l’on se trouve. »

Je te propose ici un tableau récap des règles de bivouac en France, en fonction du parc national dans lequel tu te trouves.

À noter que lorsque je montais ma tente en dehors des espaces prévus près des refuges, je choisissais toujours un endroit plat, abrité du vent et proche d’une source d’eau. Pour faire ça, j’ai utilisé Google Earth, qui offre la possibilité de vérifier si le terrain est incliné ou non, notamment grâce à sa fonction 3D.

« Vers 19h, je plante donc ma tente près de l’abri, puis je vais prendre un bon bain dans le cours d’eau voisin. Ça fait du bien de se décrasser !

Le soir, je réévalue le poids de mon sac et je décide d’abandonner le pied que j’avais pris pour prendre des photos en solo, je me débrouillerai autrement. Ça me permet de réduire le poids de mon sac de 500g. 

Pendant ce check du soir, je remarque aussi que le talon de mon pied droit commence à rougir, pour éviter une cloche je décide d’appliquer un pansement préventif. »

J’étais vraiment fier du mécanisme que j’avais élaboré pour prendre des photos de moi rapidement et sans avoir besoin de l’aide de quelqu’un d’autre. Dans un premier temps, j’avais trouvé un pied pour appareil photo hyper léger. Ensuite, j’avais fixé un aimant à l’endroit où je plaçais mon téléphone, ce qui me permettait de le poser rapidement. Après réflexion, pour alléger le poids de mon sac pour le reste du voyage, j’ai dû m’en séparer. Je l’ai laissé bien en vue à côté d’une poubelle, au cas où quelqu’un passerait par là et souhaiterait le récupérer.

2.3. J2 – 02 septembre 2023 : Abri de ChevenneRefuge rural de Chaupalin (attention, au moment de mon périple, il était fermé)

Prévisions de Komoot : 25,6 km / 10h16 / 1600D+ / 1960D-

« La nuit a été réparatrice, je ne me réveille pas fatigué ! Par contre, ma nuit a tout de même été perturbée à plusieurs reprises par le tintement d’une cloche de vache. Heureusement, j’ai prévu des bouchons d’oreilles !

Je me lève à 5h et j’entame ma journée de marche à 6h, profitant de la fraîcheur matinale, ça fait du bien ! Cette deuxième journée est plus agréable, je me sens mieux reposé, malgré quelques montées éprouvantes pour les jambes, notamment celle jusqu’au Col de Bassachaux. Une fois arrivé en haut, je prends une pause près du restaurant La Haute Bise, j’en ai besoin. À noter qu’il y a tout de même plus de parties roulantes qu’hier. »

« Ensuite, je reprends la route, il ne reste que quelques heures de marche jusqu’au gîte en Suisse, la seule nuit que je passerai dans ce pays. Après plusieurs kilomètres, j’arrive au refuge de Chésery, un très chouette petit refuge offrant une vue magnifique sur le lac Vert, je décide de m’accorder une micropause. Après quelques minutes, je re démarre, le chemin pour contourner le lac par la droite est impraticable en raison du risque d’éboulement, je continue donc tout droit, rallongeant légèrement la marche. »

« Arrivé au refuge rural de Chaupalin, je repère directement une pancarte qui m’informe que le refuge est fermé, une information que je n’avais pas du tout trouvée sur internet. Je réfléchis donc où planter ma tente. Deux solutions : soit je continue mon chemin et je trouve un terrain hors des pistes, soit je plante ma tente autour du refuge. En attendant de me décider, je remarque un restaurant ouvert au loin, Chez Yoyo et Jibi. Il est alors 15h, je m’y rends pour réfléchir. Heureusement il y a du wifi (en Suisse, activer la 4G me couterait 10€/mo), ce qui me permet de surfer sur internet et checker maps pour repérer un endroit éventuel plus loin. En regardant la carte, une troisième option me traverse l’esprit : rebrousser chemin jusqu’au refuge de Chésery. J’abandonne directement cette option, avec 600km à parcourir, je ne vais tout de même pas commencer à retourner en arrière. Je décide alors de demander au restaurant s’il y a la possibilité de planter ma tente autour du refuge, le gérant me répond que oui, qu’il connait le propriétaire et qu’il serait d’accord. Je tenais d’abord à leur en parler avant de m’installer comme ma tente allait être visible. Je choisis de mettre ma tente sous le toit de la terrasse du gîte pour me protéger du vent et de la pluie. »

« À ce moment-là, je ressens un premier coup de mou, je réalise que seulement deux jours dans cette aventure m’avaient déjà demandé beaucoup d’énergie. »
« Ce genre d’expérience n’est pas seulement épuisante physiquement lors de la marche, mais aussi dans les tâches quotidiennes comme l’installation du bivouac, la toilette, la préparation des repas, la recherche d’eau… »

Si tu suis mon itinéraire, je te suggère donc de t’arrêter au refuge de Chésery, car le gîte rural de Chaupalin est fermé. Attention, si tu souhaites planter ta tente, ce n’est pas autorisé autour du refuge de Chésery et du lac, il te faudra donc trouver une autre solution.

2.4. J3 – 03 septembre 2023 : Refuge rural de Chaupalin (attention, au moment de mon périple, il était fermé) – Le long du Giffre

Prévisions de Komoot : 23,3 km, 08h54, 550D+, 1670D-

« Comme d’habitude, je démarre ma journée à 6h. Heureusement, je n’ai pas été dérangé durant la nuit, ouf, car j’étais proche de routes avec un peu de passage.

Après 6km, j’atteins le col marquant la frontière entre la Suisse et la France. Un moment spécial, plein d’émotion. Je suis simplement heureux de franchir la frontière à pied, à travers les montagnes. À noter qu’un abri pour les randonneurs est en train d’être construit au sommet de ce col.

« À 12h30, j’arrive à mon lieu de bivouac. Je boucle cette étape en 6h30. Le parcours n’a fait que descendre ! 1670D-, tu m’étonnes ! À certains moments, je me suis même mis à courir tellement je me sentais bien. C’était une étape relativement facile ! Je suis même assez surpris d’être arrivé aussi rapidement à la ville de Samoëns. L’acclimatation commence-t-elle à faire effet ? Est-ce le fait d’avoir parcouru toute l’étape à l’ombre ? Ou bien grâce au faible dénivelé positif ? À mon avis c’est un mélange de tous ces facteurs. »

À noter que Samoëns a été élu le plus beau village de Haute-Savoie en 2021, je comprends pourquoi je suis tombé sous le charme.

« En longeant la Giffre, je cherche un endroit idéal pour installer ma tente. J’avais repéré le cours d’eau sur maps avant de partir, mais en arrivant, je constate que le cours d’eau est en contrebas du chemin, ce qui signifie que je devrai trouver un endroit avec un accès plus facile à l’eau. Après quelques pas le long de la Giffre, je repère un escalier qui descend vers le cours d’eau et en face une forêt où je pourrai planter ma tente. Je décide donc de m’arrêter ici. C’est un endroit parfait, car je pourrai faire ma lessive, me rafraîchir et j’ai de l’eau à volonté ! Le seul inconvénient est qu’en installant ma tente le soir, de nombreuses mouches sont venues me déranger, mais ce n’était que temporaire.

Je trouve mon sac encore un peu lourd, je décide donc de me passer de mon petit panneau solaire de 500g. Demain matin, je le laisserai visible au bord du chemin, quelqu’un le prendra probablement, ce chemin est très fréquenté. »

Comme lors de mon expérience sur le GR20, je remarque que je fais de moins en moins de pauses. Le matin, quand je démarre, je suis tellement déterminé à atteindre mon objectif que je ne prends que de très courtes pauses en chemin. Après trois jours, je me suis également rendu compte que je ne prenais plus de repas à midi, me contentant simplement d’une barre énergétique ou d’un en-cas rapide.

2.5. J4 – 04 septembre 2023 : Le long du Giffre – Réfuge Moëde Anterne

Prévisions de Komoot : 17,9 km, 08h29, 1750D+, 500D-

« Ce soir, je passe la nuit face au Mont-Blanc ! Il faut le mériter, car ça va monter à gogo !

Ça commence en force avec une montée interminable jusqu’au premier col… et bien non, ce n’est pas encore le col. Je me suis fait avoir à deux reprises. Juste avant d’atteindre le lac d’Anterne, je distingue enfin le Mont-Blanc, quelle émotion ! Arrivé au bord du lac, je m’octroie une petite pause. Je retire mes chaussures, m’allonge sur l’herbe et ferme les yeux. Aucun bruit aux alentours, quel bonheur ! »

« Après 16,5km, il ne me reste plus qu’une descente jusqu’au refuge. Le Mont-Blanc juste en face de moi me détourne parfois du chemin, car même en descendant, je ne peux m’empêcher de le contempler. J’arrive enfin au refuge de Moëde Anterne. Je m’installe à une table et prends un Coca. »

Tout le long du parcours, je portais donc toute ma nourriture. Malgré tout, j’avais décidé que je pourrais me permettre un petit plaisir occasionnel, une petite crasse, comme un Coca ou un paquet de chips, quand j’arrivais à un refuge ou si j’en avais besoin. Rien de tel que de boire une petite boisson sucrée en arrivant après 8h de marche intense pour rebooster le moral.

« Après quelques instants, je croise un autre belge de Wavre, Mathias, qui lui aussi fait la Grande Traversée, mais sans contrainte de temps, donc il y va cool. Après quelques minutes de discussion, il m’annonce qu’un groupe de 100 enfants va débarquer au refuge, génial…

À 19h, j’installe ma tente sur un spot offrant une vue imprenable sur le Mont-Blanc, quel pied ! Le seul inconvénient, c’est le bruit des enfants qui dure jusque 22h, ce qui a un gâche un peu l’ambiance. »

« Une nuit face au Mont-Blanc, what else ? »

J’ai payé 3€ pour installer ma tente autour du refuge, avec accès à l’eau et aux toilettes, mais pas aux douches.

2.6. J5 – 05 septembre 2023 : Refuge Moëde AnterneCamping Bellevue

Prévisions de Komoot : 20,4km, 09h03, 940D+, 1920D- 

« Tout commence par une belle montée jusqu’au col Brévent pour passer du côté de Chamonix. Juste avant d’entamer l’ascension, je croise un gars que j’avais aperçu la veille ; il avait planté sa tente juste avant le début de la montée. Je le salue et continue mon chemin.

Heureusement, je bénéficie de l’ombre tout au long du trajet jusqu’au col, c’est déjà ça ! Une fois arrivé en haut, je rencontre deux personnes que j’avais vues au refuge la veille. Il s’avère qu’ils sont néerlandophones et qu’ils font quelques jours de rando dans les montagnes. C’est aussi là-haut que je croise pour la première fois des chamois.

« Je me lance ensuite dans une longue et interminable descente face au soleil en direction des Houches. Pendant la descente je bois énormément ce qui me pousse à faire le plein en arrivant au refuge de Bellachat, situé plusieurs kilomètres avant Les Houches. Malheureusement, la source d’eau est asséchée, ce qui m’oblige à poursuivre en espérant trouver un cours d’eau. Heureusement, quelques kilomètres plus loin, j’en trouve un.

Comme à mon habitude, j’arrive tôt au bivouac, ou plutôt au camping aujourd’hui. Il est fermé pour l’instant, je décide donc d’aller m’acheter des Compeed chez Intersport (j’en avais déjà, mais je préfère en avoir assez jusqu’à la fin), car je commence à sentir que mon talon droit frotte encore fort contre ma chaussure. Mieux vaut donc prévenir que guérir ! Ensuite, je profite d’être arrivé tôt pour aller boire un petit Coca au Kitsch Inn, un petit bar/resto situé juste derrière le téléphérique de Bellevue.

Par la suite, je vais monter ma tente. Bien que le camping soit toujours fermé, un petit mot indique qu’il n’y a pas de problème pour planter sa tente. 

Aux Houches, je me trouve au point de départ du tour du Mont-Blanc, ce qui fait que je croise pas mal de randonneurs qui s’apprêtent à faire le tour. Je discute avec certains d’entre eux et je rencontre une randonneuse qui fait aussi la GTA. Quelques instants plus tard, je vois arriver Mathias, que j’avais rencontré la veille. À cause d’un problème au genou, il a dû prendre le téléphérique pour descendre dans la vallée et rejoindre les Houches. Il m’explique qu’il préfère ne pas forcer sur son genou dans les descentes.

Je profite de ce moment au camping pour faire un bilan de mon matos. Tout semble tenir, même si mes chaussures Salomon en prennent un sacré coup. Je vérifie également mes pieds ; le frottement commence à être gênant au niveau de mon talon droit. Je décide donc de mettre un Compeed et je recouvre le tout pour que ça tienne bien. »

Étant sujet aux ampoules au niveau des talons, quel que soit le type de chaussures que je porte, mais beaucoup moins avec les chaussures de trail, j’ai toujours avec moi un kit comprenant des Compeed et du sparadrap hyper collant, juste au cas où. Dans ce cas-ci, j’ai eu des frottements, car ma chaussure droite était moins serrée que la gauche, tout simplement.

Au camping Bellevue, planter ma tente m’a couté 11€, ce qui inclut l’emplacement et l’accès aux sanitaires. Une bonne douche chaude, ça fait plaisir !

2.7. J6 – 06 septembre 2023 : Camping BellevueRefuge de la Balme

Prévisions de Komoot : 24,5km, 08h37, 1550D+, 830D-

« Hier soir, juste avant de m’endormir, j’ai eu une réflexion. À la base, j’avais prévu de parcourir 27,9km au J7, avec une estimation de 11h de marche, une belle journée donc ! En examinant ma carte, j’ai réalisé que le refuge de Nant Borrant où je prévoyais de m’arrêter n’était pas si loin du refuge de la Balme, celui juste après. J’ai donc décidé de pousser un peu plus loin pour réduire légèrement le temps de marche prévu pour le lendemain et le répartir plus équitablement.

Comme d’habitude, aujourd’hui, je pars à 6h, à la Petzl. En repliant ma tente, je me rends compte qu’il y a des lampes de poche proches du sommet du Mont-Blanc. Trop bien ! J’assiste à l’ascension de randonneurs, j’adore ! »

Après quelques heures de marche, j’atteins Les Contamines-Montjoie. Quand j’étais plus jeune, mes parents nous y emmenaient chaque année avec mon frère et ma sœur. Ils y vont toujours, mais cela faisait un moment que je n’y avais pas mis les pieds. Que de souvenirs ! Tout me semble familier, comme si ma dernière visite remontait à hier. Après avoir traversé le centre, je me dirige vers Notre-Dame de la Gorge, puis j’emprunte la voie romaine. Une sacrée montée !

J’arrive enfin au refuge de la Balme, je fais directement sécher mes affaires, puis je me rends sur l’aire de bivouac situé en contrebas. Je rencontre plusieurs randonneurs qui, comme moi, attendent 19h pour planter leur tente. En attendant, je me rince à la source d’eau un peu plus loin. »

L’accès à l’aire de bivouac est gratuit et il y a des poubelles disponibles. La source d’eau se trouve donc un peu plus bas en contrebas. Il y a des toilettes juste à côté, mais malheureusement, leur propreté laisse un peu à désirer.

« Demain, je quitterai les sentiers du Tour du Mont-Blanc, il y aura beaucoup moins de monde sur les sentiers. »

Attention de ne pas confondre les deux refuges de la Balme. Celui-ci se trouve du côté des Contamines Montjoie, tandis que l’autre est situé sur la commune de La Côte d’Aime.

2.8. J7 – 07 septembre 2023 : Refuge de la BalmeRefuge la Balme

Prévisions de Komoot : 25,4km, 10h24, 1800D+, 1490D-

« Une étape longue et difficile ! Une journée de 6h à 17h, avec plusieurs petites pauses.

Le parcours ne cesse de monter ! Ça me semble interminable ! Je pense que pour l’instant, cette journée est la plus difficile en termes de dénivelé (avec la première).

Après avoir passé le refuge de la Croix du Bonhomme, je quitte le parcours du Tour du Mont-Blanc et je dois dire que ça ne me dérange pas du tout. Tout à coup, il y a moins de monde sur les sentiers. J’enchaine directement avec la Crête des Gittes, un moment complètement déconnecté, un pur bonheur !

Sur le parcours, je rencontre un Canadien qui fait l’Hexatrek (un GR de 3034km à travers la France, des Vosges jusqu’aux Pyrénées), malheureusement il a une douleur au genou, malgré tout il a réussi à terminer cette étape, mais il m’a confié qu’il allait devoir abandonner, car il la douleur était trop intense.

C’est la journée Canada ! J’ai également croisé un couple de Québécois en arrivant au refuge. Enfin, je les ai rencontrés à plusieurs reprises au cours de la journée, mais c’est au refuge que l’on a pu discuter. Ils parcourent la GTA sur plusieurs années et ont décidé de faire 10 étapes cette année.

Le refuge est super bien situé, la vue est dingue et l’installation de sa tente est gratuite. L’accès aux toilettes est gratuit, tandis qu’une douche coute 4€.

2.9. J8 – 08 septembre 2023 : Refuge la BalmeRefuge de Rosuel

Prévisions de Komoot : 25,6km, 08h51, 1200D+, 1620D-

« Pour commencer, j’entame une belle et longue descente jusqu’à Bellentre. Ensuite, il a fallu remonter pour atteindre le refuge. »

Attention, j’ai croisé plusieurs personnes qui se sont trompées à Bellentre en continuant sur la grande route, alors qu’il faut traverser et monter à travers la forêt.

« La montée s’effectue à travers la forêt, ouf, je suis donc à l’ombre pendant toute l’ascension. J’atteins le refuge vers 14h, le moment idéal pour faire une lessive ! Je passe un peu de temps dans le refuge pendant que mes affaires sèchent et j’en profite pour recharger ma batterie portable.

Le soir, je recroise le couple de Québécois, c’était leur dernier jour avant de rentrer chez eux. On discute donc un peu plus longuement, ce sont de très chouettes personnes ! 

Au moment d’aller dormir, je retourne donc près de ma tente et je vois un gars arriver depuis une camionnette. En discutant avec lui au moment où il installe sa tente, il m’explique qu’il fait la GTA en 20 jours, ça fait de longues journées de prévues. Après s’il se permet de faire du stop à certains moments, c’est sûr qu’il peut alors la boucler en 20 jours tranquillement.

Ce refuge marque le point d’entrée dans le cœur du Parc National de la Vanoise, ce qui signifie que des règles spécifiques au parc s’appliquent. Je te résume les différentes règles d’applications dans les parcs ici.

Au refuge de Rosuel, j’ai payé 5,85€ pour installer ma tente, ce qui incluait l’accès à l’eau, l’électricité, mais pas aux douches.

2.10. J9 – 09 septembre 2023 – Refuge de RosuelRefuge de la Leisse

Prévisions de Komoot : 25,4km, 10h49, 1730D+, 840D-

« Je réussis à tenir ma routine matinale, me lever 5h et partir à 6h. Je me retrouve totalement seul sur les chemins à contempler cette première partie dans le cœur du Parc National de la Vanoise. La vue, la nature, tout est à couper le souffle. Un véritable coup de cœur ! Je traverse de vastes plaines où seules quelques vaches croisent mon chemin. Je passe aussi près de cabanes où les éleveurs logent quand ils se trouvent en altitude. »

« Pas un seul bruit, je me sens tout petit face à cette immense nature.
C’est un sentiment unique mêlant adrénaline et bien-être complet ! »

« Après 14km, j’arrive au lac de Tignes, où débute la variante du GR55. Le GR5, lui, continue vers Val d’Isère… et différentes stations de ski. Après avoir lu plusieurs expériences sur des blogs, je décide de suivre le GR55 pour éviter de me retrouver plusieurs jours au milieu de stations de ski pas très jolies. Je reprendrai le chemin du GR5 à partir de Modane. »

« En arrivant au refuge de la Leisse, je rencontre deux Français dont j’ai oublié les prénoms, qui parcourent la GTA en 40 jours. On discute un peu de nos parcours, puis ils reprennent la route vers un autre refuge situé à quelques kilomètres.

Au refuge, je remarque tout de suite qu’il n’y a pas de réseau. Bon, c’était prévisible en plein milieu des montagnes. Mes proches n’auront donc de mes nouvelles que le lendemain quand je retrouverai du réseau. »

Le refuge est sympa, il n’y a donc pas du tout de réseau. J’ai pu planter ma tente pour 5,85€, avec accès aux toilettes et à la salle à manger. Il y a aussi une chouette bibliothèque pour passer le temps. Ils proposaient aussi du Coca bio, mais j’avoue que je n’aimais pas trop le gout.

2.11. J10 – 10 septembre 2023 : Refuge de la LeisseRefuge de l’Arpont

Prévisions de Komoot : 17,7km, 06h56, 630D+, 830D-

« Étant donné que j’ai pris la variante du GR55, je n’aurai donc pas marché 600km à la fin. Mais bon, je préfère quand même marcher avec une magnifique vue que de passer à travers des stations de ski…

Ce matin, je me retrouve complètement seul au milieu d’une grande vallée, une sensation de dingue. De chaque côté s’élèvent de grandes falaises, le pied total ! »

« Aujourd’hui, c’est une petite journée. J’arrive au refuge de l’Arpont à 11h30. J’ai failli craquer et continuer pour gagner une journée de marche, mais il ne faut pas que j’oublie de prendre des temps de repos, car il me reste encore la moitié de l’aventure à parcourir.

Je profite donc de ces heures de repos pour revoir mes prochaines étapes, afin de mieux répartir les kilomètres et le temps de marche. Je planifie aussi les endroits où je vais installer ma tente, car si la météo se dégrade (et c’est ce qui est annoncé), je préfère être près d’un refuge. Je réussis à mettre en place un plan plutôt élaboré. Il y a peu de refuges dans la seconde partie du périple, donc j’ai décidé de faire plusieurs arrêts dans des campings. Par contre, à cette période de l’année, certains ferment, donc j’anticipe en les contactant par téléphone pour m’assurer qu’ils sont encore ouverts. L’avantage d’un camping est sans aucun doute l’accès à une douche chaude ! Vais-je me plaindre ? 

Après quelques heures passées au refuge, l’un des Français rencontrés la veille arrive. On discute et il me raconte ses diverses aventures, notamment sur le chemin de Compostelle. C’est une véritable source d’inspiration. »

Au refuge de l’Arpont, j’ai payé 5,85€ avec un accès à toutes les commodités du refuge : sanitaires, salle commune… Sauf la douche qui est payante à part. Sinon le refuge à une superbe terrasse avec une vue incroyable. Par contre, vu de loin, le refuge ressemble plutôt à un grand bunker, ce qui lui enlève un peu de son charme.

2.12. J11 – 11 septembre 2023 : Refuge de l’ArpontCamping de Modane (Les Combes)

Prévisions de Komoot : 15,4km, 06h18, 670D+, 720D- 

« Comme aujourd’hui c’est une petite journée, je m’accorde 45min de sommeil en plus avant de me mettre en route. En marchant, je réfléchis beaucoup à l’adaptation de mon parcours, car la météo annonce des jours plus mauvais avec des risques d’orages. Mon timing étant serré, je ne peux pas me permettre de rester coincé une journée dans un refuge en attendant que ça passe. L’idée de doubler mes étapes du J11 et du J12 me vient vite à l’esprit. Ces jours-là sont de base de courtes étapes. Toutefois, je réfléchis au compromis entre vouloir doubler et devoir me reposer.

Arrivé au refuge de Plan Sec peu après 11h30, je prends quelques instants pour réfléchir et je téléphone à Ophélie pour avoir un autre avis et savoir si je fais un bon choix. En fait, je suis déjà bien décidé à doubler. C’est donc parti pour 18km supplémentaires à faire en environ 6h. »

« L’itinéraire pour me rendre à Modane contourne le lac du plan d’Amont, mais je décide de couper et de ne pas faire le tour. En fin de compte, ce n’était pas du tout un raccourci, j’y ai mis plus de temps. Note à moi-même : éviter les raccourcis improvisés sur un coup de tête si c’est pour au final marcher le même nombre de kilomètres, en plus de temps…

Je trace ma route sans faire aucune pause pendant 4h, avec l’objectif d’atteindre le camping et de récupérer mon colis pour la seconde moitié de l’aventure. En plus, je me suis accordé une petite douceur pour la moitié du parcours.

Dans la descente vers Modane, je croise deux autres randonneurs et au vu de leur sac, j’ai compris qu’ils faisaient aussi une rando de plusieurs jours. Après un petit bonjour rapide, je continue vers le camping en courant, littéralement !

J’arrive au camping vers 15h, complètement épuisé après cette journée intense ! Je trouve une chaise pour m’asseoir et je ressens un énorme soulagement. À côté de moi, il y a un camion à pizza. Miracle ! Ma petite douceur du soir ! Je comprends vite qu’ils ne font pas de pizza le lundi. Déception ! »

« L’accueil du camping est fermé, alors j’installe ma tente et fais sécher mes affaires en attendant. À 18h, l’accueil ouvre enfin et je peux récupérer mon colis ! Quel plaisir de trouver le paquet de bonbons que j’avais installé exprès au-dessus du carton ! Je les dévore en 3min.

Comme je n’ai pas droit à ma pizza, je me dis que j’irais bien chercher un Coca et un paquet de chips au magasin. Le problème est que le supermarché le plus proche se trouve à 800m, je suis trop fatigué pour encore marcher. Je décide d’aller voir mon voisin qui possède une voiture pour savoir s’il compte faire des courses ce soir, il me répond que non, mais me propose tout de même bien gentiment de m’y conduire, un vrai soulagement !

Je remplis mon sac avec toute la nourriture du colis, mais je me rends compte que j’ai encore beaucoup de provisions de la première partie du périple. Malgré cela, je garde tout et je verrai demain si ça le fait.

Sinon, me revoilà de nouveau sur le GR5 et je quitte le Parc National de la Vanoise. »

Avant de partir pour mon périple, j’ai pris contact avec le Camping de Modane (Les Combes) pour savoir s’il pouvait recevoir un colis pour moi. Ils m’ont assuré directement que c’était possible, ce qui m’a évité d’être tributaire des horaires d’un bureau de poste. J’ai payé mon emplacement 10€.

2.13. J12 – 12 septembre 2023 : Camping de ModaneCamping de la Lame

Prévisions de Komoot : 30,2km, 11h23, 1760D+, 1280D-

« Grosse journée aujourd’hui ! À la base, je prévoyais de me rendre au refuge Re Magi, à environ 21,5km du camping de Modane. Mais comme j’ai modifié une bonne partie de l’itinéraire pour mieux répartir les kilomètres et le temps de marche par jour, tout en tenant compte des endroits où je pourrais planter ma tente, j’ai dû prolonger ma journée jusqu’au camping de La Lame. »

« Je prends seulement 10min de pause sur 30km. Les paysages sont incroyables ! Je suis tellement captivé par ce décor que j’oublie de baisser les yeux dans une descente et hop, c’est la glissade ! Je manque de peu de me tordre une cheville. Heureusement, mon sac amortit ma chute. Note à moi-même : être encore plus vigilant quand il a plu la veille.

Arrivé à Roubion, je reperds immédiatement une pizzeria, non loin du camping et heureusement, elle est ouverte ! Comme je n’avais pas eu ma pizza hier, tu peux imager à quel point je suis heureux.

Comme l’accueil du camping n’est pas encore ouvert, je décide d’installer ma tente et de profiter de cet après-midi de repos pour trier ma nourriture. J’ai encore trop de poids dans mon sac, car je n’ai pas mangé tout ce que j’avais prévu pour la première partie de l’aventure. Je trie donc le tout pour ne garder que l’essentiel. En cumulant tout ce que j’ai retiré, je réalise que ça fait tout de même quelques euros de prévision. Comme il n’y a pas de bureau de poste à proximité pour renvoyer tout cela en Belgique, je vais à l’accueil du camping à son ouverture pour savoir s’ils étaient intéressés de me racheter quelques provisions pour les revendre à d’autres randonneurs. Étant donné que c’est un camping municipal, ils ne peuvent pas me les racheter, je décide donc de les laisser gratuitement pour les randonneurs qui en auraient besoin. Entre-temps, une personne écoute notre conversation et devine quoi ? Il me propose de me racheter le tout pour l’offrir à ses petits-enfants. Génial ! Mon sac est plus léger et mon esprit aussi. »

« À 18h30, c’est l’heure d’aller au resto ! Je dévore ma pizza 4 fromages en un rien de temps.

En rentrant vers ma tente, je croise les deux randonneurs qui j’avais rencontrés dans la descente vers Modane, je reconnais la casquette de l’un deux. On discute un moment et m’expliquent qu’ils font aussi la GTA, sans contrainte de temps, la belle vie quoi !

Dans ma tente, je check la météo sur mes applis : pluie toute la nuit et risque d’orage demain. Ça va être chouette le réveil ! »

J’ai payé le camping 5,20€ et 1,50€ pour la douche qui fonctionne avec des jetons.

2.14. J13 – 13 septembre 2023 : Camping de la LameCamping Les Montana

Prévisions de Komoot : 26,3km, 09h29, 1190D+, 1420D-

« Il a plu durant toute la nuit ! Du coup, ma tente est trempée, le bonheur ! Je démarre avec le ciel couvert, la température est fraîche et ça se ressent !

Comme d’habitude, je démarre à la Petzl et admirer le lever du jour dans les hauteurs reste toujours un spectacle magnifique. Peu de temps après avoir démarré, il recommence à pleuvoir, je jongle donc entre mettre et retirer ma veste imperméable. Le vent souffle fort et même s’il fait assez froid, ça m’aide à avancer plus vite, car je tente de me réchauffer en marchant.

À la base, je comptais passer la nuit près de la Bergerie des Baïsses, mais comme je n’avais aucune info sur le fait qu’il y ait une source d’eau à proximité, j’ai changé d’avis et ajusté mon itinéraire pour trouver un camping quelques kilomètres plus loin. Je voulais assurer mon bivouac du soir, surtout avec les prévisions météo menaçantes pour la semaine. »

« L’itinéraire du jour traverse la station de ski de Montgenèvre, qui, pour être honnête, est plutôt moche !

Quelques kilomètres plus loin, j’arrive au village de La Vachette et je m’arrête au camping des Gentianes, juste avant Briançon.

Lorsque j’arrive au camping, il pleut toujours et ma tente n’est toujours pas sèche. J’attends donc sous un petit porche que la météo se calme. Après 2h d’attente, un rayon de soleil pointe enfin le bout de son nez et j’en profite pour sécher ma tente comme je peux. Avec le ciel qui se dégage, j’en profite pour faire aussi une lessive et la sécher le plus rapidement possible.

Pendant que j’attends que tout sèche, je consulte la météo pour demain. Heureusement, ils annoncent du soleil. Je jette aussi un coup d’œil au reste de mon itinéraire. Pour les prochaines nuits, j’avais prévu de dormir dans des endroits improbables : un cimetière, deux fois sur un parking… Je pense que je devrai encore adapter la suite. 

À J9 de la fin, le mental est au top, bien meilleur qu’au début de l’aventure. Sinon, le jour de mes 30 ans, le 22 septembre, je n’ai toujours pas décidé où je planterai ma tente. On improvisera ! »

J’ai payé le camping environ 20€ (je ne suis plus sûr du montant exact) 1,50€ pour la douche. On reçoit un bracelet qui donne accès à une douche de 5min, mais comme il faisait froid et que j’étais trempé, le gérant m’a accordé 10min.

2.15. J14 – 14 septembre 2023 : Camping Les MontanaCamping de l’Izoard

Prévisions de Komoot : 24,4km, 08h59, 1440D+, 950D-

« Ce matin, je démarre ma journée sans pluie, c’est déjà ça !

Au lever du soleil, j’arrive à Briançon, magnifique ! Une très belle cité médiévale. Mon principal objectif pour la journée : franchir le col des Ayes. »

« Sur le chemin, je rencontre Laure et Louis, deux jeunes Français avec qui je fais connaissance. Ils font aussi la GTA et se dirigent vers le même camping que moi. Contrairement à moi, ils n’ont pas fusionné plusieurs étapes dans la première partie jusqu’à Modane, ce qui explique que je les ai rattrapés. Ils se sont rencontrés sur la GTA et progressent ensemble.

Comme je marche plus rapidement qu’eux, je les laisse pour continuer à mon rythme. Je préfère marcher en solitaire pour maintenir le rythme que j’ai adopté depuis le début de mon périple. Mon objectif reste de parcourir la GTA seul, même si bien entendu je suis ouvert aux rencontres, ça va de soi. Justement, j’ai hâte de les retrouver ce soir pour échanger davantage !

La fin de journée marque mon entrée dans le parc naturel du Queyras, le paysage devient immédiatement plus rocailleux. »

« Arrivé au camping, je constate qu’il est désert. J’en profite pour étaler mes affaires pour les faire sécher. Je suis rapidement interpellé par le gérant, car je m’étale un peu trop sur les tables. Bon, je comprends bien entendu, mais il n’y a personne. Je décide donc de retirer mes affaires et je cours vite installer ma tente, car je commence à nouveau à sentir des gouttes d’eau tomber. »

« Ensuite, je reviens à l’accueil qui se trouve en fait sous une grande tonnelle. Là, je recroise Laure et Louis et on boit une bonne bière tous ensemble. On est ensuite rejoint par un couple de Suisses (Cosette et Olivier) qu’ils ont rencontrés auparavant. On passe du temps à discuter, boire une bière et manger tandis que l’orage gronde à l’extérieur. Je redoute le moment où je devrai retourner à ma tente ! En discutant avec Louis, il m’annonce qu’il a vu mon documentaire sur le GR20. Ça fait plaisir de croiser quelqu’un au milieu des montagnes qui a vu le docu !

Entre-temps, je réfléchis aussi à trouver un endroit où planter ma tente le 22 septembre et j’ai l’idée de poster un mot sur le groupe Facebook de la commune d’Utelle. Les premières réponses semblent prometteuses et m’incitent à demander aux gens du village où se trouve le terrain sur lequel je peux planter ma tente à mon arrivée.

À 22h, je me décide à retourner à ma tente, bravant la pluie et le tonnerre sur 300m. Une fois à l’intérieur, je suis complètement trempé, mais heureux d’être à l’abri. Tout est mouillé ! Génial.

Demain, ils vont tous au camping où j’ai aussi décidé de me rendre. » 

Le camping de l’Izoard est sympa, j’ai payé 7,80€ incluant les sanitaires. Il dispose d’une buvette, d’un salon détende et d’une épicerie, bien qu’à cette période, le choix soit limité.

2.16. J15 – 15 septembre 2023 : Camping de l’IzoardCamping les Moutets

Prévisions de Komoot : 25km, 10h24, 1220D+, 1430D-

« Il a plu toute la nuit ! Heureusement, vers 5h, les averses se sont calmées. Je replie donc vite ma tente et me réfugie dans les sanitaires pour prendre mon petit-déj. D’après mon application météo, le soleil devrait être au rendez-vous toute la journée.

L’ascension des cols commence à devenir particulièrement dure, mais je continue d’avancer toujours aussi vite. Par moments, je me dis que je devrais peut-être ralentir un peu, mais c’est plus fort que moi : une fois lancé, il m’est difficile de diminuer la cadence. De plus, je me suis habitué à prendre ce temps de repos en après-midi, ce qui me fait un bien fou tant sur le plan physique que mental.

Aujourd’hui, je passe par Château-Queyras, une magnifique petite ville. Puis, ma journée se termine à Ceillac. Arrivé au village, l’itinéraire me fait passer devant un marchand de glaces, bien entendu, je ne peux pas résister à la tentation ! En chemin vers le camping, j’observe des parapentistes qui s’élancent d’un sommet, un très beau spectacle. »

« Après 15 jours de marche, je me rends compte que mon bide a disparu ! C’est en marchant vers le camping, en savourant ma glace, que je réalise que j’ai perdu pas mal de poids. Il est clair que je ne mange pas assez par rapport aux calories que je dépense.

Une fois ma tente montée, je vais faire un tour dans le village et qui je croise ? Laure et Louis en train de commander une glace. Comme je démarre très tôt et que je marche à un rythme plus rapide, j’arrive d’office avant eux. Ça fait plaisir de les revoir. »

« Vers 18h30, le couple de Suisses arrive au camping. Sur leur chemin, ils ont eu la chance d’apercevoir un loup, dingue ! Vers 15h, en plein jour ! En plus, ils ont réussi à sortir leur téléphone assez rapidement pour capturer la scène, je suis jaloux !

Pour cette nuit, le temps n’est des plus réjouissants : de la pluie. C’est la même chose pour demain toute la journée. »

« Ça promet d’être intéressant de marcher avec du vent et de la pluie
à plus de 2700m d’altitude. »

Mon emplacement m’a coûté 6€ et le jeton de douche 1€. Le camping n’a pas d’épicerie, mais il y a un magasin alimentaire dans le centre de Ceillac.

2.17. J16 – 16 septembre 2023 : Camping les MoutetsChez Jean-Marc

Prévisions de Komoot : 24km, 10h09, 1440D+, 1190D-

« Aujourd’hui, je quitte le Parc Naturel du Queyras.

Pour résumer la journée : de la flotte, encore de la flotte et toujours de la flotte.

Heureusement, je replie ma tente sans pluie, mais quelques minutes plus tard, il se remet à dracher. J’avance vers le col Girardin (2700m) sous la pluie. Au début de la journée, la pluie n’est pas trop intense, donc tout va bien. Mais au fur et à mesure que j’avance, le vent se renforce et la pluie devient de plus en plus battante. J’atteins alors le lac Sainte-Anne, un endroit vraiment magnifique ! Par contre, le vent souffle et la pluie ne cesse de tomber. Je me réfugie dans la chapelle proche du lac pour faire une petite pause, mais je ne reste pas longtemps, car je commence à avoir froid, surtout aux mains. Mes gants sont dans mon sac, mais j’ai la flemme de le retirer pour les prendre. Je reprends ensuite la route et une heure plus tard, le soleil fait enfin son apparition et la pluie s’arrête, ouf, plus de flotte jusqu’au col ! Puis, après avoir passé le col, je commence la descente, sans pluie jusqu’en bas, mais ça glisse un peu, je reste donc prudent. »

« Arrivé sur une route, je décide de faire une petite pause, mais bien sûr, la pluie recommence à tomber ! Je repars donc immédiatement en direction du village de Fouillouse. Le trajet jusqu’au village est un mélange de routes et de chemins forestiers. Pour couronner le tout, le vent et la pluie m’accompagnent tout du long. Sur le chemin, je traverse le pont du Châtelet, offrant une vue magnifique.

À quelques minutes de l’arrivée au village, la progression devient difficile avec le vent et la pluie, ce qui double la difficulté. J’arrive enfin au village, complètement désert, pas étonnant vu le temps ! »

« Quelques jours auparavant, en cherchant sur Google un endroit où planter ma tente pour la nuit, je suis tombé sur l’épicerie du village. En consultant une photo disponible via Maps, j’ai remarqué sur la façade de l’épicerie la mention – possibilité de camping – une chance ! J’ai appelé pour m’assurer que c’était possible de planter ma tente. 

J’arrive donc complètement trempé à l’épicerie. Je croise alors un autre randonneur qui fait aussi la GTA, mais qui hésite à commencer sa journée de marche. Après avoir un peu discuté avec lui, j’entre dans l’épicerie et je rencontre Jean-Marc, le gérant.

J’arrive à l’épicerie vers 12h et je passe tout l’après-midi à discuter avec Jean-Marc. On évoque l’histoire du village, le fonctionnement de son activité… Il m’explique aussi que le village est très fréquenté en saison, un peu moins hors saison, mais alors quand il pleut… C’est le calme plat ! J’attends que la pluie se calme pour aller planter ma tente. L’emplacement que Jean-Marc propose est en contrebas de l’église du village, un petit coin sympa. Bien entendu, lorsque je décide d’y aller, la pluie reprend, je fais alors au plus vite. Ensuite, je retourne à l’épicerie et je bois plusieurs cafés pour me réchauffer. »

« Après quelques heures, des randonneurs viennent pour manger, car Jean-Marc propose de petits repas à base de produits locaux. On discute et un peu plus tard, Jean-Marc nous fait visiter l’étage, qui sert également de chambre d’hôtes. Pendant la visite, Jean-Marc me propose de prendre une douche pour 4€, je fonce ! Le bâtiment est en fait l’ancienne école du village. C’est vraiment sympa de passer l’après-midi dans ce lieu chargé d’histoire.

Vers 17h qui je vois débarquer à l’épicerie ? Laure et Louis. La veille je leur avais parlé de cette épicerie, mais ils ne savaient pas encore trop où ils allaient dormir. Ils étaient dans le village depuis un moment, mais impossible de se le dire comme il n’y a pas de réseau. Ils viennent faire quelques courses et restent un peu pour discuter. J’apprends alors qu’ils ont craqué et pris une nuit dans un gîte un peu plus bas à l’entrée du village et qu’ils ont fait du stop arrivé sur la route vers le village, car toutes leurs affaires étaient trempées.

Ils m’annoncent qu’il y a du wifi au gîte, donc je décide de les accompagner là-bas pour en profiter un petit peu. En entrant dans la pièce principale du gîte, qui je vois autour d’un feu ? Les deux amis que j’avais croisés au camping de La Lame, mais aussi la personne qui hésitait à partir à 12h et qui finalement n’est pas partie.

Depuis Modane, je me rends compte que je recroise les mêmes visages, car je ne double plus d’étapes et j’avance donc à leur rythme. Ça fait plaisir de croiser ces personnes, car on peut discuter de nos journées, échanger nos bons plans…

Demain, la météo annonce un temps nettement meilleur. Comme c’est une petite étape, j’en profiterai pour faire une lessive. Ça fait trois jours que je porte les mêmes vêtements, car avec la météo des derniers jours, il aurait été impossible de les faire sécher. En ce moment, je ressens toute l’humidité partout dans mes vêtements. Pas du tout agréable ! »

C’est dans ce genre de journée, que l’on se rend vite compte si notre matos est bon ou non. Heureusement, le mien l’était. Je te fais un topo de tout mon équipement pour cette grande aventure ici.

L’épicerie de chez Jean-Marc s’appelle – Chez Bourillon -. Je n’ai pas payé pour l’emplacement de ma tente, mais j’ai consommé quelque chose dans l’épicerie, c’est donc gagnant-gagnant.

2.18. J17 – 17 septembre 2023 : Chez Jean-Marc / Camping des Marmottes

Prévisions de Komoot : 14km, 05h54, 800D+, 1020D-

« Aujourd’hui, j’entre dans le Parc National du Mercantour.

Je traine un peu des pieds et prends pas mal de micropauses, mais ça me permet de passer une journée vraiment tranquille ! »

« J’arrive au camping vers 11h et j’en profite immédiatement pour faire une lessive et mettre tout à sécher. Même s’il y a parfois une éclaircie, le temps reste couvert.

Demain, la météo prévoit de la pluie toute la journée ! Décidément, pas trop de bol pour cette deuxième partie de l’aventure. Bon, je sais déjà que mes affaires ne vont pas beaucoup sécher. »

« Dans l’après-midi, un autre randonneur installe sa tente sur l’emplacement voisin du mien, c’est Benoit, un Québécois en vacances dans les montagnes. On discute de plein de sujets autour d’une bonne bière qu’il m’offre. Les Québécois sont vraiment super ! Il me propose même d’utiliser la machine à laver qu’il a lancée pour certaines de mes affaires les plus humides. 

Laure et Louis m’ont dit hier soir qu’ils allaient continuer un peu après le camping et dormir autour du lac du Lauzanier, je ne m’y suis pas risqué vu le temps.

Ce soir, je vais dormir tôt, car demain c’est de nouveau une grosse journée. »

J’ai planté ma tente au Camping des Marmottes à Larche. L’emplacement m’a couté 9,50€.

2.19. J18 – 18 septembre 2023 : Camping des MarmottesCimetière de Bousiéyas

Prévisions de Komoot : 20,4km, 08h12, 1210D+, 1010D-

« Il a plu toute la nuit !

Comme d’habitude, je prépare donc mon sac à l’intérieur de ma tente, puis j’attends 15min pour voir si la pluie se calme avant de démonter ma tente. Malheureusement, rien n’y fait ! Ma maison est une fois de plus trempée ! J’opte donc pour un démontage par l’intérieur, pour protéger la partie centrale de la tente de l’eau. Ça prend un peu plus de temps, mais je réussis !

Pendant toute la durée de ma rando, la pluie et le vent s’enchainent et se chevauchent. Parfois, les rafales sont si fortes que je crois m’envoler. En passant près du premier lac, je pense fort à Laure et Louis qui ont dormi là la nuit passée. Ça a dû être horrible, le vent était déchaîné ! Il y a aussi du brouillard jusqu’au premier col, ce n’est que jusqu’à environ 1km avant d’arriver à Bousiéyas que le temps se calme. »

Quelques kilomètres avant d’arriver au village, je traverse le camp des Fourches. Un ancien campement des chasseurs alpins qui a été rénové. »

« Avec cette météo, j’avance rapidement ! J’arrive à Bousiéyas vers 12h30. Je repère un gîte où je pourrais me réfugier l’après-midi, mais un panneau sur la porte indique qu’il n’ouvre qu’à 14h. Heureusement, juste à côté, les toilettes publiques sont ouvertes, offrant au moins un abri contre la pluie et le vent. En attendant 14h, je repère également mon lieu de bivouac, à savoir le cimetière de Bousiéyas. Le terrain pour y accéder appartient à un habitant qui autorise les randonneurs à y planter leur tente. C’est en téléphonant au gîte quelques jours avant que j’ai eu l’info.

À 14h, le gîte ouvre ses portes. Je prends directement un ou deux cafés pour me réchauffer et discute avec les deux dames qui tiennent le gîte. Elles me proposent gentiment de faire sécher mes affaires dans l’église en face, car il n’y a pas beaucoup de place dans le gîte, le pied ! Un gars du coin est ensuite venu nous rejoindre, puis une traileuse et pour finir plusieurs randonneurs, dont certains que j’avais croisés au gîte de Fouillouse. Laure et Louis ont probablement continué leur chemin vers un autre endroit plus éloigné.

Profitant d’une petite éclaircie, je vais rapidement planter ma tente au cimetière. Puis, j’enchaine avec une bonne douche bien chaude à 4€. On discute ensuite tous ensemble jusqu’au souper. Comme j’ai mon repas lyophilisé, je me retire vers ma tente lorsque la pluie cesse.

Demain la météo devrait normalement s’améliorer (du moins, c’est ce qu’on croit, car personne n’a de réseau pour vérifier). »

« Petite réflexion du jour : comment affronter une journée contre les éléments de la nature ? Positiver, positiver et encore positiver ! C’est le maître mot ! Il ne faut surtout pas se laisser abattre, pas se laisser aller, ne pas attendre constamment que ça passe en cherchant un abri et bien sûr, avoir un bon équipement est crucial ! Se retrouver sous la douche à 2700m d’altitude, avec en prime une rafale de vent, vaut mieux être bien équipé ! »

C’est au gite d’étape de Bousieyas que j’ai fait ma pause.

2.20. J19 – 19 septembre 2023 : Cimetière de BousiéyasGîte d’étape de Roya

Prévisions de Komoot : 33,6km, 12h01, 1590D+, 2220D-

« Ouf, comme prévu, le soleil est au rendez-vous, ça fait vraiment du bien au moral !

Mon premier objectif de la journée est d’atteindre Saint-Etienne-de-Tinée. En arrivant dans la ville, qui je croise devant une boulangerie ? Laure et Louis. Ça fait deux jours que je ne les avais pas vus, car ils ne dormaient pas aux mêmes endroits que moi. On fait donc une petite pause ensemble, puis je reprends la route. Ils prévoient de se rendre à Roya, tandis que moi je compte m’arrêter à Auron et planter ma tente là où je trouverai un endroit dans cette station de ski. À la base, j’avais prévu de me rendre dans un camping, mais quelques jours auparavant, j’ai appris en téléphonant qu’il serait fermé à mon arrivée. »

« Je poursuis donc ma route jusqu’à Auron. Sur le chemin, je croise les premiers panneaux en direction de Nice. Un drôle d’effet ! J’arrive à Auron vers 13h, je décide de m’installer près de l’office du tourisme et de faire sécher mes affaires. Après 45min, je vois à nouveau débarquer Laure et Louis. On discute un peu et ils continuent vers Roya. Puis, pendant bien 30-45min, je réfléchis, car les voir passer et continuer remet en question mon idée de planter ma tente ici. Tout d’abord, je préfère avoir un point d’eau à proximité de mon bivouac, ce qui n’est pas le cas ici. Deuxièmement, Roya n’est qu’à 2h30 de plus et là, j’ai donc encore du temps pour y arriver. Troisièmement, cela me permettrait de prendre un peu d’avance sur ma journée de demain.

Ma décision est prise, je me lance pour tenter de les rattraper, et si je n’y arrive pas, j’espère les retrouver dans le village, car ils ont envisagé de planter leur tente près d’un cours d’eau. Après plusieurs kilomètres, je les rattrape, je n’en croyais pas mes yeux ! Je n’ai jamais marché aussi vite. Ils sont surpris de me voir et je leur explique la réflexion que j’ai eue après les avoir croisés. On continue donc la suite du chemin ensemble. En arrivant à Roya, on constate qu’il y a un gîte d’étape, on décide donc d’y faire une petite pause. Les gérants sont partis faire une randonnée, on les attend donc. À leur arrivée et après avoir discuté avec eux, ils nous proposent d’installer nos tentes sur le terrain juste à côté et gratuitement, trop bien ! »

« Demain, le temps va encore être catastrophique,
je me prépare donc mentalement. »

Pour tout savoir sur le refuge d’étape de Roya, c’est par ici.

2.21. J20 – 20 septembre 2023 : Gîte d’étape de RoyaRougios

Prévisions de Komoot : 23km, 08h14, 1330D+, 1360D-

« Cette nuit, j’ai été réveillé par le brame du cerf. Ça commence ! Comme d’habitude, je pars de bon matin à la Petzl. Ce matin, Laure et Louis se lèvent en même temps que moi. Ils m’expliquent qu’ils ne savent pas encore exactement où ils vont planter leur tente ce soir. Pour ma part, je vais jusqu’au refuge de Longon, puis en avançant, je repérerai un endroit où planter ma tente. Il faut savoir que le bivouac est interdit autour du refuge, donc je me suis renseigné sur plusieurs groupes Facebook pour savoir où il serait intéressant et autorisé de planter ma tente plus loin.

Malgré le mauvais temps, la vue tout au long de la journée est grandiose ! »

« J’arrive enfin au refuge, je m’arrête pour goûter leur yaourt fait maison. Je ne peux pas faire une pause au refuge de Longon sans y déguster un petit quelque chose ! Je reprends ensuite la route à la recherche d’un petit coin pour la nuit.

Sur le chemin vers Rougios, je croise plusieurs troupeaux et donc des patous. Ces chiens de montagne utilisés pour protéger les troupeaux contre les prédateurs. Arrivé au premier troupeau après le refuge, deux patous qui le surveillent me foncent dessus en aboyant. Dans ce cas-là, la technique est simple : rester calme, les ignorer et s’éloigner lentement sans geste brusque. Plus facile à dire qu’à faire ! J’applique la technique, mais ils continuent à aboyer sur moi pendant plus de 5min. Je ne suis pas très à l’aise, ils sont très agressifs. Ouf, quelques minutes après, ils s’éloignent enfin.

Je continue mon chemin, puis sur un petit sentier qui descend vers Rougios à travers la forêt, je rencontre un nouveau troupeau avec des chèvres qui remontent vers le refuge. Malheureusement, le chemin est très étroit et le troupeau est dispersé. Si je ne m’éloigne pas, je suis alors obligé de passer au milieu, mais si un patou me voit, ça pourrait mal tourner. Peu après, je décide de me réfugier dans les bois ! J’ai bien fait ! Deux patous arrivent vers moi. Plus un bruit ! Je reste immobile et caché pour qu’ils ne me repèrent pas. Ils passent à environ 10m de moi sans me voir, ouf ! Ensuite, je décide de remonter un peu la colline sur le côté du chemin pour m’éloigner d’eux autant que possible. J’attends encore un peu avant de sortir de ma cachette et alors que je m’apprête à repartir, deux autres patous apparaissent, mais heureusement, ils passent également à côté de moi sans me remarquer. Victoire ! Quel stress ces patous !

J’arrive finalement à Rougios, où je repère un terrain plat avec un ou deux chalets à proximité. Il n’y a pas de points d’eau, mais j’ai anticipé en me ravitaillant au refuge. Je décide d’attendre sous un arbre pour me protéger de la pluie en attendant de pouvoir installer ma tente à 19h. Une heure plus tard, je crois Laure et Louis, qui finalement décident d’aller jusqu’à Roure pour dormir dans un gîte et se mettre à l’abri de la pluie. Malgré cela, je décide de rester là car l’un de mes objectifs est de faire une aventure 100% sous tente et puis j’ai assez marché hier pour prolonger aujourd’hui. De plus, à Roure, il n’y a pas vraiment d’endroit pour planter sa tente.

À 19h, je décide donc de monter ma tente entre deux averses, puis je vais tout de même frapper à la porte d’un chalet pour savoir si l’endroit où je me suis installé est privé. On me répond que non et qu’il n’y a pas de problème si je plante ma tente là. La pluie continue de tomber, toute la nuit. »

2.22. J21 – 21 septembre 2023 : RougiosCamping de la ferme

Prévisions de Komoot : 20,6km, 06h59, 980D+, 1210D-

« Ce matin, je me réveille au sec, ah, ces petits moments de bonheur ! Je me mets en route en direction de Saint-Dalmas.

En descendant vers Roure, je croise un sanglier et deux biches, mais cette fois-ci assez près, ce qui me met directement de bonne humeur.

Arrivé à Roure, je croise Laure et Louis en train de prendre leur petit-déj. Ils étaient dans un gîte.

Je poursuis ma descente en direction de Saint-Sauveur-sur-Tinée. Le paysage jusque-là est magnifique, avec un panorama rappelant celui de l’île de la Réunion. Je sens aussi que je descends en altitude, il fait plus chaud et plus humide (mais bon, après la douche d’hier, c’est normal). Jusqu’à Saint-Dalmas, je passe mon temps à mettre et à retirer mon imperméable, car il se met à pleuvoir toutes les 5min. »

« J’arrive enfin au camping de la ferme à Saint-Dalmas. Je m’enregistre, puis je file directement prendre une douche bien chaude, ça faisait deux jours que je n’avais pas pris de douche. Ensuite, je mets toutes mes affaires à sécher. Mais ça ne sèche pas facilement, l’air est très humide. »

« Un peu plus tard, Laure et Louis arrivent au camping, suivis peu après par le couple suisse, Cosette et Olivier. Ça faisait un moment que je ne les avais pas croisés.

Ce soir, c’est un moment spécial, demain j’aurai 30 ans. On trinque donc pour fêter ça. Un très agréable moment passé avec Laure, Louis, Cosette et Olivier. En plus, demain je ne croiserai plus Laure et le couple suisse, car ils prennent la direction de Menton. Louis et moi, on va jusqu’à Nice.

Demain, direction Utelle. Il y a quelques jours, j’avais expliqué avoir posté un message sur un groupe Facebook regroupant l’ensemble des villages de la commune pour trouver un endroit où planter ma tente. Depuis lors, j’avais reçu pas mal de réponses, dont celle d’Alain, un habitant du village d’Utelle, qui m’avait proposé de venir chez lui et m’offrir le gîte et le couvert pour mon anniversaire, en échange de quoi il avait simplement demandé que je parle d’Utelle autour de moi. J’avais répondu que l’idée était tentante, mais je ne voulais pas abuser et surtout ne pas m’imposer, c’est pourquoi j’avais décidé que si c’était lui qui me relançait, j’accepterais. Hier, Alain m’a renvoyé un message sur Messenger pour savoir si je venais, c’était donc le destin qui voulait que j’aille chez lui. J’ai donc directement répondu que je serais là avec grand plaisir. Il m’a même demandé ce que je souhaitais manger, quel hôte ! Dans les commentaires de ma publication, une dame nommée Toutoune avait même répondu que si j’allais chez Alain, elle apporterait un gâteau. Ce serait incroyable !

Ce sera donc le seul jour où je ne planterai pas ma tente, mais bon, ça vaut vraiment la peine. Je fais aussi cette aventure pour vivre ce genre de moments.

J’ai hâte d’arriver à Utelle demain pour vivre tout cela. »

Ma nuit au camping de la ferme m’a couté 9,20€, avec accès aux sanitaires compris.

2.23. J22 – 22 septembre 2023 : Camping à la fermeUtelle

Prévisions de Komoot : 26,4km, 09h44, 1240D+, 1670D-

« Ce matin, je me réveille sous la pluie. Youhouuuu ! Pour ne pas changer de ces 5 derniers jours ! Je quitte le parc national du Mercantour.

Je me mets en route, ultramotivé pour arriver à Utelle. Après seulement 1h30 de marche, en montant vers le premier col, la nature m’offre un magnifique cadeau pour mes 30 ans. Je vois un cerf passer devant moi en courant, et ensuite, un second, plus proche à une cinquantaine de mètres qui s’arrête et regarde dans ma direction. Je ne bouge pas, car je n’ai pas envie de l’effrayer. J’arrive à dégainer mon smartphone et à capturer ce moment. J’avais un grand sourire jusqu’aux oreilles, même si je ne faisais pas le malin, car on est en pleine période du brame et les cerfs peuvent être agressifs. Quelques instants plus tard, il s’en va et je continue donc ma route jusqu’à Utelle. »

« C’est un moment incroyable, quelle chance de croiser le Roi de la forêt ! »

« Aujourd’hui, je reçois encore un très beau cadeau sur le chemin. Hier, à cause des nuages, je n’ai pas pu apercevoir la mer au loin, mais cet après-midi, entre deux nuages, j’ai la chance de la voir ! C’est émouvant, je réalise alors que j’ai traversé toutes les Alpes et que je vois enfin le bout. »

« Arrivé à Utelle, le soleil est au rendez-vous. Je contacte Alain pour savoir où il habite et il me dit qu’il n’est pas encore là, mais que je peux déjà aller chez lui. Il m’explique où trouver les clefs pour entrer, manger un bout et prendre une douche. Au début, j’hésite à me rendre chez lui alors qu’il n’est pas là, mais il insiste. Je me rends donc à sa jolie petite maison au centre d’Utelle. J’y entre, dépose mes affaires et comme d’habitude, je fais sécher me tente et mes vêtements dehors. Par contre, je n’ose pas prendre une douche sans avoir rencontré Alain. »

« Vers 16h, Alain arrive et je l’accueille chez lui. Un moment tellement atypique ! Il a ramené plein de provisions, je l’aide donc à vider le coffre de sa voiture. Le courant passe directement ! On discute rapidement de nombreux sujets, tout en prenant l’apéritif et en cuisinant le repas. Il m’annonce aussi que plusieurs de ses amis viennent ce soir, l’occasion de fêter mon anniversaire et de revoir certains de ses amis, car il ne vit pas tout le temps à Utelle.

Avant de me rendre chez Alain, j’avais fait quelques petites recherches sur internet pour savoir qui il était et où j’allais mettre les pieds, on ne sait jamais. Il s’avère être un ancien maire d’Utelle, travaillant à Monaco et revenant de temps en temps à Utelle pour profiter de la tranquillité des lieux. Je comprends ! Utelle est calme, beau et dépaysant.

Un peu plus tard, les amis d’Alain arrivent, on prend alors l’apéro, on rit, on parle de politique locale, on se raconte des anecdotes… Un très chouette moment ! Je fais attention de ne pas trop boire, car je dois me lever tôt demain matin, le départ est prévu à 6h, comme d’habitude.

On passe ensuite à table, puis vient le moment du dessert. Un super gâteau arrive avec une bougie et tout le monde se met à entonner – Joyeux anniversaire – ! »

« Je m’en souviendrai de mes 30 ans. »

2.24. J23 – 23 septembre 2023 : Utelle – Nice

Prévisions de Komoot : 36,9km, 11h26, 1060D+, 1840D-

« Dernier jour. La plus grosse journée de tout le périple !

Hier soir, je suis allé dormir vers minuit après avoir remercié Alain et ses amis pour cette fête incroyable à l’occasion de mes 30 ans. Merci à eux de m’avoir accueilli à Utelle, merci Alain qui m’a ouvert son chez lui alors que je ne le connaissais pas. Une expérience surréaliste, mais que je n’oublierai jamais. Je recommande à 1000% Utelle, en plus, il y a plein de belles choses à voir.

Ce matin, au moment de partir, je vois devant la machine à café un petit mot d’Alain qui me souhaite une bonne route et qui me laisse une casquette avec le blason de la commune et la bougie. C’est toujours chouette d’avoir un souvenir physique d’un moment vécu qu’on a apprécié. 

6h, je démarre prêt à affronter cette longue dernière journée. Après 2min de marche, je croise des chasseurs, ils m’expliquent que ce weekend il va y avoir des battues. Là je me dis, ouf, heureusement que je pars assez tôt pour ne pas me retrouver bloquer sur le chemin.

Après un petit temps de marche, j’arrive à la chapelle Saint-Antoine. Toutoune, une amie d’Alain m’a recommandé de sonner la cloche pour leur signifier mon départ. Je l’ai donc fait en arrivant, j’espère ne pas avoir réveillé tout le monde ! »

« Tout le parcours est une véritable montagne russe. J’aperçois plusieurs fois Nice au loin, mais à chaque fois que je pense me rapprocher, il y a une autre colline à gravir et à descendre.

Petit à petit je sens que je m’approche du but. Je croise de plus en plus de monde sur les chemins et je marche de plus en plus sur la route. Puis, un dernier chemin sur lequel je croise un trailer, il s’arrête et me demande si je fais la GTA, je lui dis que oui et que je finis aujourd’hui, il me félicite, me dit que ça l’impressionne et m’encourage pour la fin. J’arrive ensuite à Nice, dans les hauteurs de la ville, là où se trouvent toutes les belles villas. J’avance lentement vers le centre. Je dois me réhabituer aux gens, aux voitures, au bruit, aux codes sociaux d’une ville… ça fait bizarre, surtout de passer du calme des montagnes au bruit incessant d’une grande ville. Vivre 23 jours à mon rythme, ne penser qu’à marcher, admirer les paysages, rencontre d’autres randonneurs, se nourrir… ça fait forcément réfléchir quand on revient à la réalité. 

À 3km de la fin, mon cerveau dit mer** à mes jambes, je pense qu’il croit qu’il est déjà arrivé. »

« Ça tire, j’ai dur. Ce sont les 3km les plus lents de toute ma vie. »

« Il reste une avenue ! Je suis presque au bout. La promenade des Anglais approche. J’aperçois enfin la mer ! Je n’ai plus qu’à traverser la rue. J’arrive sur la promenade, me dirige vers la rambarde le long de la plage. J’y suis ! Mon premier réflexe est de me dire – c’est fait – puis de regarder derrière moi, ensuite vers la plage et de laisser les émotions m’envahir. Tout se mélange dans ma tête : la fierté, la tristesse, le soulagement, l’euphorie, la satisfaction… Mais surtout le bonheur inconditionnel d’avoir réussi cette aventure incroyable. »

« Avant de descendre vers la plage, je prends un moment pour réaliser. 23 jours de marche, la même routine quotidienne, des heures de marche, des kilomètres et d’un seul coup, tout s’arrête. »

« Je descends ensuite sur la plage, je retire mes vêtements et je plonge dans l’eau. Là, je marque le coup. Je regarde la terre ferme en face de moi et j’appuie sur le bouton-stop. Je reviens sur la plage, je me pose et je me souviens de ces 23 jours.

Quelques minutes après, en regardant les réseaux, je vois que Louis a fini un peu plus tôt que moi, je lui envoie un message pour le prévenir que j’ai fini aussi et il me rejoint. On se félicite et on discute de notre ressenti à la fin de cette expérience. Quelques instants plus tard, il prend le chemin en direction de l’aéroport, car il doit prendre un bus.

Après quelques instants posés sur la plage, je me dirige vers l’auberge de jeunesse où je vais passer quelques jours avant de reprendre mon train. Après avoir posé mes affaires, je vais faire quelques courses, flâner dans les rues et au soir ; manger un énorme burger avec des frites et de la bière ! C’est mérité, non ? L’extase gustative. »

« Je passe deux jours à Nice en attendant mon train, j’en profite pour me reposer et faire les magasins. À la Fnac je vois des balances, je décide de me peser et là, surprise, j’ai perdu 8-10kg. Dingue ! Je ne mangeais vraiment pas assez ! Du coup, le deuxième jour de repos, je m’étais tellement goinfré que j’ai fait un malaise vagal en pleine rue et j’ai rempli tout un sac de vomis. Super ! Bon, après j’étais en pleine forme, mais sur le moment je me suis dit que je devais y aller cool sur la reprise de nourriture en quantité.

À mon avis, c’est probablement dans les prochains jours que je vais me rendre compte que c’est réellement fini. »

« Dans une semaine, l’aventure continue, avec Ophélie. On s’envole pour la Tanzanie, puis le Bénin. »

« L’aventure ne s’arrête jamais vraiment ! »

3. Résumé des règles du bivouac dans les différents parcs nationaux

En France, il faut savoir que la loi ne distingue pas réellement le camping sauvage et le bivouac. En principe, ces activités sont autorisées par la législation, SAUF si elles sont explicitement interdites ou soumises à des restrictions. Je te recommande de consulter cet article du Figaro qui résume bien la législation, ainsi que le site lecampingsauvage. Étant donné qu’il existe presque toujours des interdictions ou des restrictions, je te conseille de bien te renseigner systématiquement avant d’installer ta tente, afin d’éviter une amende, ou encore de t’installer sur un terrain privé ou un terrain protégé. Je suis d’accord avec toi sur le fait que parfois il est difficile d’y voir clair au niveau de la législation, même après être informé.

Je vais maintenant me concentrer sur les 3 parcs traversés par la GTA.

Le parc national de la Vanoise

« Dans le cœur du parc, le bivouac est autorisé uniquement aux abords des refuges. » Attention, il se peut qu’autour de certains refuges ça ne soit pas possible, il vaut mieux donc vérifier avant. (Vanoise-parcnational) »

Le parc national du Queyras 

« Le vallon de Bouchouse, situé sur la commune de Ristolas, protégé par un arrêté préfectoral selon lequel le bivouac est interdit à l’intérieur du périmètre de protection de biotope qui com »prend les trois lacs de Foréant, Egorgéou et Baricle (et en particulier dans les zones matérialisées par des cordelettes, interdites à tout piétinement).

La Réserve naturelle nationale de Ristolas-Mont-Viso, dans laquelle il est interdit de s’éloigner des sentiers, autorise le bivouac à 20m des itinéraires balisés.

Les communes du périmètre du Parc ont pris des arrêtés municipaux (à retrouver en bas de page) encadrant le bivouac comme suit :

Le parc national du Mercantour

Dans le cœur du parc, le bivouac « est autorisé entre 19h et 9h, à plus d’une heure de marche à l’intérieur des limites du Parc ou du dernier accès automobile. (Mercantour-parcnational) »

Dans la plupart des refuges et des campings, il est toujours préférable de réserver son emplacement à l’avance, surtout en période estivale. Si tu fais la GTA au mois de septembre comme moi, ce n’est pas obligatoire, il y aura toujours de la place.

4. Mon sac

Matériel

Kg

Commentaire


1,3kg

190€

Ça fait des années que j’utilise la Forclaz MT900 et elle ne m’a jamais déçu. Son rapport qualité-prix est excellent ! Afin d’optimiser le poids, j’ai opté pour ma 1P.

1,9kg

200,90€

Très bon sac, il est à la fois léger et robuste. Les grandes poches supérieure et frontale offrent un accès rapide et pratique. De plus, la forme courbée du sac s’adapte parfaitement à la courbure du dos.

370g

60,50€

Pour avoir un accès rapide à certains éléments de mon matériel, j’ai opté pour ce sac ventral. J’y rangeais mon portefeuille, mon téléphone, mes deux flasques et ma lampe frontale. J’avais aussi fixé deux élastiques en dessous pour y attacher mes bâtons lorsque j’avais besoin d’avoir les mains complètement libres.

328g

170€

Elles ont survécu jusqu’à la fin sans grosses embuches !

440g

95€

J’ai emporté une doudoune -10°c pour anticiper toute baisse de température et ça s’est avéré être une bonne idée ! Vers la fin du voyage, ça faisait du bien de pouvoir manger au chaud, bien enveloppé dans ma doudoune.

574g

90€

Cette veste m’a toujours été fidèle, je l’utilise déjà depuis plusieurs années. Il existe bien sûr des modèles plus respirants et plus imperméables, mais celle-ci reste vraiment excellente en termes de rapport qualité-prix.

510g

55€

Bon rapport qualité-prix.

950g

200€

Cela fait plusieurs années que j’utilise ce sac de couchage et il ne m’a jamais déçu, il parvient toujours à me garder bien au chaud.

100g

6€

107g

12€

Il existe des housses plus légères, mais ce modèle à l’avantage d’avoir un bouchon qui empêche l’air de s’échapper, ce qui permet au sac de rester bien compressé.

75g

75,90€

Légère et efficace. La lampe rouge permet de rester discret dans le noir.

520g

119,95€

35gx2 = 70g

12€x2 = 24€

Légères et compressibles quand elles sont vides.

63g

55€

200g

38,50€

Ce qui m’a particulièrement plu dans cette poche d’eau, c’est le système QuickConnect qui permet de laisser le tuyau attaché au sac tout en offrant la possibilité de remplir la poche et de la clipser ensuite.

-115gx12 = 1,3kg
-70gx12 = 840g
-143gx12 = 1,7kg
 
Total pour 12 jours : 3,8kg

-5,80€x12 = 69,6€
-2,95€x12 = 35,4€ (diner)
-8,95€x12 = 107,40€ (souper)
 
Total pour 12 jours : 212,4€ x2 pour 24 jours

Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Par contre, les 600kcal par lyophilisé sont toujours aussi intéressant.


J’ai aussi choisi les barres énergétiques de cette marque, car elles offrent 300kcal, ce qui est top pour un repas de midi rapide !

80g

22€x2 = 44€

Peu d’odeurs, résistant, respirant et bon rapport qualité/prix.

320g

70€

Idem.

78g

23€x2 = 46€

359g

80€

191g

40€

54g

12€

34g

12€

181g

6€

20€x2 = 40€

Léger et résistant.

T-shirt mérinos MT500 (Forclaz)

35€x2 = 70€

45g

3€

Sèche rapidement, léger et peu encombrant.

8gx2 = 16g

2€x2 = 4€

Utilisé pour ma vaisselle et pour m’éponger le visage lorsque je transpirais.

47g        

9,80€

Kit technique (lacets de rechange, lanières, bouts de scotch)

90g

+-15€

955g

13,50€+7€+6,95€+5,49€+3,98€+13,95€ = 50,87€

J’ai utilisé un savon multifonctions biodégradable. Pour le brossage des dents, j’ai choisi des pastilles, plus légères et moins encombrantes qu’un dentifrice classique, bio et utilisables sans eau.

Briquet

25g

1,20€

Trousse secours (hansaplast, compresses, couverture de survie, Dafalgan, pince à tic, Buscopan, Ibuprofen, Loperamide, Hadex)

652g

+-40€

Lingettes humides

356g

1,19€

330g

83€

230g

7€

17g

22,95€

Rouleau de papier toilette

78g

0,75€

572g

194,95€

32g

12€

25g

166,5€

89g

999,95€

Poids du sac total : 15,54kg + l’eau (4L max) : +-19,54kg

Budget total du matériel + nourriture : +-2679,76€ + montre Garmin : +-3679,71€

5. Mon itinéraire sur la Grande Traversée des Alpes

J’ai planifié mon itinéraire en me basant sur la trace GPX trouvée ici. J’ai ensuite tenté de répartir équitablement mes journées de marche en tenant compte de différents paramètres tels que le temps de marche, le nombre de kilomètres, le D+, le D- et les lieux potentiels de bivouac. Comme tu l’auras compris, mon itinéraire a beaucoup changé au cours de mon périple et tu trouveras ci-dessous l’itinéraire final que j’ai suivi pendant ces 23 jours. À noter que les heures de marche indiquées ci-dessous sont basées sur les données de Komoot avant mon départ et ne correspondent pas nécessairement au nombre réel d’heures de marche effectuées.

Jours - Bivouacs

Km

D+

D-

Timing

17,4km

1840D+

1000D-

08h34

25,6km

1600D+

1960D-

10h16

23,3km

550D+

1670D-

08h54

17,9km

1750D+

500D-

08h29

20,4km

940D+

1920D-

09h03

24,5km

1550D+

830D-

08h37

25,4km

1800D+

1490D-

10h24

25,6km

1200D+

1620D-

08h51

25,4km

1730D+

840D-

10h49

17,7km

630D+

830D-

06h56

15,4km

670D+

720D-

06h18

30,2km

1760D+

1280D-

11h23

26,3km

1190D+

1420D-

09h29

24,4km

1440D+

950D-

08h59

25km

1220D+

1430D-

10h24

24km

1440D+

1190D-

10h09

14km

800D+

1020D-

05h54

20,4km

1210D+

1010D-

08h12

33,6km

1590D+

2220D-

12h01

23km

1330D+

1360D-

08h14

20,6km

980D+

1210D-

06h59

26,4km

1240D+

1670D-

09h44

36,9km

1060D+

1840D-

11h26

6. Accès à l’eau sur le parcours

Tout au long du parcours, il y a pas mal de sources d’eau, que ce soit près des refuges ou encore dans les cours d’eau. En septembre, du moins quand je suis parti, je n’ai pas eu de difficulté à en trouver. Je te recommande vivement d’emporter avec toi un filtre à eau tel que le Katadyn Befree pour boire où que tu sois.

7. Mon budget

Trajet aller : Bruxelles – Saint-Maurice : 59,75€ (train)/ Saint-Maurice – Port-Valais : 9,40€ (train)

Trajet retour : Nice – Paris (train)/ Paris – Bruxelles (bus) : 51,41€

Refuges/campings : 122,34€  

Nourriture en autonomie : +-424,48€

Total sans le matériel et sans les extras : 667,38€

8. Conclusion

J’espère que tu as apprécié la lecture de cet article. Pour finir, je n’ai qu’une chose à te dire ; lance-toi dans cette magnifique aventure ! Par contre, n’oublie jamais que la préparation est essentielle et garde toujours à l’esprit que la montagne reste imprévisible et que le risque zéro n’existe pas, même pour les randonneurs les plus expérimentés.

N’hésite pas à laisser un petit commentaire en bas de l’article et à poser tes questions si tu en as, j’y répondrai avec plaisir.

Je m’appelle Damien et je suis l’auteur du blog « hsn explore ». C’est ici que je te partage toutes mes aventures de plein air, en Belgique et ailleurs : randonnées, microaventures, voyages, idées weekend, outdoor, conseils, tests de matériel… et même des portraits d’aventuriers et sportifs. Il y en a pour tous les goûts ! Mon but est de partager avec toi mes expériences et mes connaissances et ainsi peut-être inspirer tes futures aventures. N’hésite pas à me suivre sur les réseaux pour t’imprégner de mes périples en direct.

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7 Comments

  1. Olivier

    Bravo pour ce périple ça fait tellement envie !
    Petite question au jour 5, j’ai vu une échelle sur une photo ce n’était pas trop délicat avec le poids du sac ?
    Autre question pour la veste de pluie quechua, elle t’a suffit , pas besoin de poncho elle est bien étanche ?
    Merci pour le partage de tout ça et encore bravo

    Reply
    • hsnexplore

      Bonjour Olivier,

      Merci pour ton commentaire. Ça fait plaisir !

      Pour ce qui est de ta question sur le passage d’échelles, ç’a été, il faut bien sûr faire attention, mais l’idéal est de ranger ses bâtons avant de grimper et de toujours assurer ses appuis.

      Pour la veste de pluie, c’était suffisant, cette veste résiste très bien. Je ne suis pas trop fan personnellement des ponchos, car ça colle, ça ne respire pas et la liberté de mouvement est réduite.

      J’espère que j’ai pu répondre à toutes tes questions 🙂

      Reply
  2. david pacot

    Bonjour,
    Merci pour ton recit tres interressant.

    J’ai l’intention de faire le gr5 en septembre prochain aussi, en mode rando-trail ( 12/14 jours).
    J’ai vraiment envie de prendre une tente , mais peut etre que reserver des refuges me permettra de partir plus leger. Qu’en penses tu?

    Comment as tu regle ta monte quand tu arrive en bivouac? mise sur pause jusqu’au matin?

    Reply
    • hsnexplore

      Bonjour David,

      Merci pour ton commentaire !

      Un beau challenge en perspective ! Ça te fera de belles journées.

      L’avantage de la tente est que si tu veux prolonger tes journées, tu peux choisir où la planter et ne pas être dépendant des refuges. Mais c’est sur que si tu enlèves la tente, le sac de couchage et le matelas, tu gagnes du poids… Si tu choisis l’option refuge, la prépa de ton itinéraire va être primordiale. En septembre, il y a généralement de la place dans les refuges, donc la réservation n’est pas forcément nécessaire et te laisse aussi une liberté sur ton parcours.

      Pour la montre, je peux mettre « reprendre + tard » sur ma Garmin.

      Bonne prépa !

      Reply
  3. Corentin

    Salut, j’ai adoré ton topo vraiment top 😁
    Concernant la nourriture ? Comment tu géré la logistique ?

    Merci de ta réponse 😊

    Reply
    • hsnexplore

      Hello Corentin,

      Merci pour ton commentaire !

      Pour la nourriture, tu verras dans le tableau descriptif de mon sac, la nourriture que j’ai emportée avec moi. J’avais des lyophilisés MX3 pour le petit-déj, des barres énergétiques adventure food pour le diner et des lyophilisés adventure food pour le souper.

      J’avais pris avec moi la nourriture pour les 12 premiers jours, puis récupéré un colis pour les derniers jours à la moitié, au camping de Modane.

      Si j’avais besoin (pour mon mental) d’un coca, biscuit, chips, etc., je prenais au refuge, camping ou magasin croisé sur le chemin.

      J’espère que j’ai pu répondre à tes questions 🙂

      Reply
  4. Yannick Mortain

    Un bien beau récit d’une belle aventure, d’un grand voyage intérieur et avec les autres.

    Bravo pour la réalisation de cette grande traversée des Alpes et pour la qualité du récit chargé d’éléments de description, de logistique, de ressentis et d’émotions .

    Partant sur les sentiers cet été pour la GTA sur la version Saint- Gingolph – Menton pour 19 jours avec un ami, je me nourris de ton récit qui fait parti de notre préparation et du début de notre voyage intérieur.

    Les expériences sont faites pour être partagées et je t’en remercie.

    Sportivement.

    Yannick

    Reply

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