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Le GR20 en Corse : 12 jours en autonomie complète

par 19 Fév 2023Articles à la une, Corse, Voyages

En juillet 2022, on a décidé avec mon père et mon frère de réaliser le GR20 en 12 jours, en autonomie (on portait notre couchage et la nourriture), du Nord vers le Sud.

Dans cet article, je te raconte tout notre périple ; notre expérience personnelle, le découpage de notre itinéraire, les détails sur le matos qu’on a emporté… Je te donnerai aussi des conseils et bien sûr l’article sera agrémenté de photos.

Aussi, j’ai sorti un documentaire qui retrace toute notre aventure. N’hésite pas à le regarder et me dire ce que tu en penses ici.

Sur cette page, tu verras pas mal de passages en italique et entre guillemets, qui correspondent en fait à des extraits d’interviews tirés du documentaire.

1. Tout d’abord, c’est quoi le GR20 ?

Le GR20, c’est un sentier de grande randonnée en Corse, réputé comme l’un des plus difficiles d’Europe. Le parcours fait +- 180km, il débute à Calenzana et s’achève à Conca, dans le sens Nord/Sud, il peut aussi se faire dans le sens Sud/Nord. Il ne compte pas moins de 13 000 mètres de dénivelé positif et +- l’équivalent en termes de dénivelé négatif. Il peut se faire en été, comme en hiver.

En général, la plupart des randonneurs le font en 16 jours, mais il est possible de le réaliser en 12, 10, 5, 3 jours… voire même en 30h et 25min, le record du monde de la traversée établi par Lambert Santelli en juin 2021. Le record féminin est détenu par Anne-Lise Rousset qui l’a accompli en 41h et 22min en juin 2022.

La partie nord du parcours est réputée plus rocailleuse et techniquement plus exigeante que la partie sud qui est « un peu » plus praticable.

3. Qui sommes-nous ?

Jean-Marie Hansen

Jean-Marie Hansen

64 ans - 3 enfants - Pensionné (ancien policier)

« L’idée de faire le GR20 est une idée qui trottait déjà dans ma tête depuis quelques années. Mais voilà, je n’avais jamais eu l’occasion de le concrétiser et puis je me suis dit que ce serait bien de le faire avec Nicolas et Damien. De pouvoir le préparer et l’effectuer ensemble. C’était vraiment cette opportunité de pouvoir le faire en famille qui a pu se réaliser. » 

« Avant de me lancer dans le GR20, j’ai quand même relevé pas mal de challenges. En l’occurrence, j’ai traversé l’ile de la Réunion ; de Saint-Philippe à Saint-Denis. J’ai fait le marathon des sables. J’ai fait les templiers. J’ai eu l’occasion de faire l’ultra-trail du Mont-Blanc. Donc j’avais quand même pas mal d’expérience par rapport au nombre de kilomètres et à la durée. J’étais assez confiant dans le fait d’avoir de la condition physique pour ça. Je pense que j’étais serein. Par contre, l’inconnu, c’était vraiment le poids du sac. Je ne savais vraiment pas comment j’allais gérer ces 20kg. »

Nicolas Hansen

Nicolas Hansen

31 ans - 1 enfant - Ambulancier militaire

« Le jour J, clairement, je me sentais fort excité. Fort excité de partir pour une nouvelle aventure sur des sentiers qu’on ne connaît pas. Mais aussi, j’avais une boule au cœur parce que ma petite fille avait un peu plus de quatre mois et devait rester avec Angeline, ma compagne. Le plus dur, c’était de ne pas la voir pendant ces deux semaines. Mais clairement excité pour partir à l’aventure. » 

Damien Hansen

Damien Hansen

29 ans - Journaliste, prof et vidéaste

« Me lancer dans le GR était l’occasion de partager une nouvelle expérience avec mon frère et mon père. C’était aussi l’occasion de me challenger personnellement ; d’un point de vue sportif, mais surtout d’un point de vue mental. Se dire à la fin des 12 jours : j’ai été capable de le faire ! »

4. Je t’emmène maintenant dans notre GR20…

4.1. J0 : 02 juillet 2022

On a réservé nos billets d’avion en janvier, chez Air Corsica. L’aller nous a couté 178,01€/pers avec un bagage en soute de 23kg max et le retour : 61,29€/pers.

Le départ était à 16h25 à Charleroi et l’arrivée à Calvi à 18h10.

« Juste avant de prendre l’avion, je ne me sentais pas stressé, mais j’avais plutôt une grosse adrénaline de me dire qu’on allait vivre douze jours avec le père et le frère, en full autonomie. On s’était super bien préparé, mais il y a toujours une petite part d’inconnu. » Damien

« Une fois à l’aéroport, clairement, on peut distinguer ceux qui partent en vacances à la plage, comme ceux qui partent à l’aventure comme nous. Dès qu’une personne a son sac à dos, ses bottines à ses pieds, tu sais que cette personne-là, c’est pour le GR qu’elle est là. » Nicolas

Arrivés à l’aéroport de Calvi à 18h10, c’était un peu le petit stress, car quelques jours auparavant, sur les groupes Facebook dédiés au GR20, certains randonneurs avaient signalés ne pas avoir trouvé leur sac à l’aéroport. Heureusement pour nous, nos sacs étaient là ! C’était quand même un soulagement et cela nous a permis de commencer notre aventure avec un poids en moins sur les épaules.

« Vouloir commencer son GR20 sans son sac à dos, c’est un peu embêtant. Régulièrement, il y a des coureurs, des randonneurs qui ne retrouvent pas ce sac à dos et donc ils sont vraiment embêtés pour démarrer leur GR. À ce moment-là, c’est vraiment la débrouille… » Jean-Marie

Généralement, quand ça arrive, ces personnes se rendent en vitesse chez Intersport (fermé le dimanche) pour (re) faire leur sac…

Ensuite, on s’est dépêché pour prendre un taxi en direction du supermarché pour acheter des briquets et du gaz avant sa fermeture (ceux-ci étant bien entendu interdit dans l’avion).

On s’est dirigé vers le SPAR de Calvi, qui fermait à 20h. Sachant qu’on avait des réchauds dont l’embout est à vis, on n’était pas certains qu’il y aurait des cartouches adaptées dans le magasin. Malgré tout, on avait anticipé en achetant un adaptateur pour utiliser des cartouches à valve, au cas où… À notre arrivée au Spar, seules des cartouches à valve étaient disponibles, on avait donc bien fait d’anticiper.

Finalement, une fois arrivé au camping de Calenzana, où on logeait ce soir-là, mon frère a eu le temps de se rendre à un autre SPAR à proximité pour acheter des cartouches à vis.

Je te conseille de chercher d’autres randonneurs se dirigeant vers le camping de Calenzana pour partager les frais du taxi et réduire ainsi les coûts. Le camping est à environ 15min en voiture de l’aéroport.

Au camping, il y avait déjà pas mal de monde, ce qui rendait un peu difficile la recherche d’un emplacement. On a finalement trouvé une place à côté de la cuisine.

« L’ambiance dans le premier camping est un peu différente des autres refuges, puisque là on voit des gens qui commencent comme nous, mais aussi des gens qui viennent de terminer. Ils savent nous expliquer pas mal de choses. Je trouve que ça donne encore plus envie d’aller découvrir tout ça et de le faire. » Nicolas

« Calenzana c’est le premier bivouac, premier refuge, point de départ des randonneurs qui traversent l’ile du Nord au Sud et donc qui dit : premier bivouac, dit aussi ; première fois qu’on monte sa tente. Moi je suis un peu néophyte dans le montage de tente. J’ai quand même regardé mon voisin de gauche, mon voisin de droite comment ils faisaient, j’ai un peu copié. Puis on se retrouve tous avec les mêmes objectifs, c’est la traversée et on s’observe un petit peu, on se teste, on se titille. » Jean-Marie

« Le premier gite c’est assez intéressant parce que c’est le premier endroit où on installe notre tente. Tout le monde est un peu en train de s’observer et en fait, on ne le sait pas du tout, mais toutes ces personnes avec qui on commence déjà à parler, on va les revoir jusqu’à la fin du GR. » Damien

Pour cette première nuit, on n’avait pas réservé à l’avance. En effet, ce n’est tout simplement pas possible.

D’une manière générale, sache que chaque refuge dispose de douches, de toilettes, d’une épicerie et tu as la possibilité de recharger (parfois c’est payant par contre) ton téléphone, ta lampe, ta batterie portable… Par contre, il n’y a pas de réseau dans tous les refuges…

4.2. J1 : Calenzana – Ortu Di U Piobbu (étape 1)

11,8km / 1404D+ / 189D- / +-6h29 / Pas de points deau / Passages techniques / Réseau à Ortu

Le grand jour ! On s’est réveillé à 5h du matin, enfin… papa à 4h.

« Premier réveil sur le GR, Nicolas et papa avaient super mal dormi. Alors que moi, ça allait encore. En fait, j’avais anticipé, j’avais simplement pris des boules Quies, parce que je m’étais dit que s’il pleuvait, s’il y avait du bruit autour de ma tente, au moins, je n’entendrais rien et j’essaierais tant bien que mal de passer une bonne nuit. » Damien

« On s’est levé à 5h, enfin moi à 4h parce que je mets un peu plus de temps pour refiter toutes mes affaires. Et pourquoi se lever si tôt ? Parce que ça nous permet de marcher en profitant au maximum de la fraîcheur jusqu’à 9-12h. » Jean-Marie

On a donc préparé notre sac et déjeuné. Puis, on est parti pour le refuge d’Ortu Di U Piobbu. Ce jour-là, on a fait : 11,8km, avec 1404m de D+, 189m de D- et tout ça en +- 6h29. Il y avait pas mal de passages très techniques. Autrement dit, une première journée qui plongeait tout de suite dans le bain !

« Les quatre premières étapes, en commençant de la partie Nord, c’est compliqué. Il y a beaucoup de rochers, les sentiers sont complexes, il y a des franchissements à faire. Franchement, moi qui aie l’habitude de marcher, ça m’a paru difficile. Ce n’est pas roulant et clairement, que ce soit en D+ ou en D-, c’est compliqué, surtout avec les rochers et les franchissements. » Nicolas

Ça été une première journée assez pénible, il faisait extrêmement chaud. De plus, il n’y avait aucun point d’eau sur toute l’étape, donc il a fallu prévoir plusieurs litres avant de partir. J’étais parti avec 3L, tout juste pour arriver jusqu’au bout. 

Je te conseille de prévoir au moins 3L à chaque départ, car avec la chaleur ça part très très rapidement.

Cette première journée nous a surtout montré toutes les spécificités du terrain et à quel point ça n’allait pas être de tout repos, surtout pour papa.

« Dès le départ, je me suis rendu compte que le terrain, ça allait être très technique et beaucoup de caillasse, très minérale. En tout cas la partie Nord. Ça s’est vu directement, dès qu’on est parti de Calenzana. Par rapport à la Réunion, on a un peu le même style de terrain, mais en tout cas, ça n’a rien à voir avec le GR du Mont-Blanc où là on est vraiment plus dans de l’autoroute. Je me suis vite rendu compte que ça allait être difficile pour moi, tant la difficulté technique du Nord, tant l’aspect minéral, escalade, ça allait être compliqué et la gestion de ce poids de sac, ça allait vraiment, vraiment être difficile pour moi. Puis j’avais Nicolas et Damien qui avançaient. De temps en temps, ils m’attendaient, mais je ne pouvais pas non plus faire en sorte que leur GR ne se passe pas bien ou certainement comme ils le souhaitaient. » Jean-Marie

« Après plusieurs kilomètres sur la première étape, c’est vrai que je commençais déjà à observer des petites difficultés chez papa. Donc tout de suite, je me suis dit que c’était le premier jour et qu’il lui fallait le temps de se mettre en route et que ça ira mieux par la suite. » Damien

Durant cette journée, papa nous a fait une petite frayeur sur un des passages avec chaine. Il a été déséquilibré, mais il s’est vite rattrapé. Plus de peur que de mal.

« À un moment donné, il y a eu un passage un peu délicat. En fait, il fallait saisir un câble et descendre. Je me suis engagé dans la descente, puis mon sac m’a entraîné vers l’arrière, donc j’ai été déséquilibré. Mais bon, j’ai quand même pu rétablir mon équilibre et continuer à descendre. Mon passé de policier fait que j’ai assez de maîtrise dans les difficultés, donc j’ai vraiment pu me rétablir. Mais enfin grosse frayeur. » Jean-Marie

On est ensuite arrivé au refuge avec Nicolas, on a tout de suite cherché des emplacements, car il y avait déjà du monde. En plus, le terrain est en pente, donc c’était vraiment compliqué de trouver un bon endroit pour planter sa tente. Papa est arrivé par après complètement lessiver. On l’a aidé à monter sa tente, puis on est allé boire une petite Pietra.

On en a profité pour discuter de cette première étape et de la suite de l’aventure. Papa nous a dit qu’avec le poids de son sac, ça n’allait pas aller. On a donc décidé de délester un peu d’affaires de son sac et de les mettre chez Nico, car moi je n’avais plus du tout de place.

4.3. J2 : Ortu Di U Piobbu – Carrozzu (étape 2)

6,4km / 576D+ /896D- / +-7h31 / Point d’eau à la toute fin de l’étape / Passages techniques / Pas de réseau à Carrozzu / Possibilité de se baigner près du refuge de Carrozzu, à la passerelle de Spasimata

« La fatigue commençait déjà à se faire ressentir. En plus de mon côté, j’avais des cloches qui commençaient à apparaître. Donc heureusement j’avais prévu le coup avec des compieds et des pansements. J’espérais vraiment que ça allait rester comme ça pour la suite. » Damien

Cette deuxième étape faisait 6,4km, avec 576m de D+, 896m de D- et on a mis +-7h31 pour la faire. Avec les 896m de D+, on savait donc que ça allait bien descendre ! Le pire, ça été la dernière longue et chaude (il faisait très très chaud) descente. C’est ce qui a été le plus dur dans cette étape. En plus, il n’y avait aucun point d’eau (enfin juste un tout à la fin près du refuge, donc autant dire, aucun…).

« Ce qui a vraiment été le plus difficile dans cette étape, c’est la fin. On aperçoit le refuge, là on se dit ; OK on doit tout descendre. Mais ce n’est pas descendre comme sur des sentiers ici, comme en Belgique. Encore une fois, c’est rocheux, il y a des franchissements. C’était vraiment, vraiment pénible et compliqué. Et là dans ma tête je me disais ; OK, papa il va arriver, je pense que ça va être compliqué. C’était vraiment dur pour nous, en plus, pour ma part je suis parti avec 4L d’eau et avec mon frère, on est tombé à court. Heureusement, il y avait des sources sur le côté et lui avait sa gourde avec filtre. » Nicolas

Après avoir fini cette longue descente, on est arrivé au refuge (enfin !). On a trouvé des emplacements pour nos tentes et on a attendu papa au bout du chemin. Quelques heures passaient et il n’était toujours pas là. Personnellement, je commençais tout doucement à me tracasser, car vu l’étape et ce que l’on venait de vivre, on se doutait que ça devait être vraiment dur pour lui. Pour tout dire, lors d’une pause avec mon frère dans la descente, un gars qu’on avait croisé à l’aéroport et qui tentait aussi en full autonomie nous a dit qu’il allait abandonner, car c’était vraiment trop dur pour lui…

Ce qu’on ne savait pas en attendant papa, c’est qu’en fait il était tombé…

« Je suis tombé sur mon bâton et j’ai cassé l’un d’eux. Alors qu’il me faut déjà bien mes deux bâtons pour descendre. Ici, je n’avais plus qu’un bâton. J’ai vraiment vraiment eu un coup au moral et je suis descendu tant bien que mal. De nouveau, on voit le refuge et plus on le voit, plus il s’éloigne. J’étais à 10min du refuge, j’entendais les gens, je me dis que je n’y arriverai jamais. Et là, j’ai une personne qui m’a donné un Dextro et une autre un petit peu d’eau et puis Damien est arrivé et il m’a donné un coup de main pour arriver jusqu’au refuge. Mais un véritable zombie. » Jean-Marie

Quand papa est arrivé, il nous a tout de suite dit que ça n’allait pas aller de continuer comme cela. Il nous a donc expliqué que la meilleure solution pour lui serait de faire seulement la partie nord, mais avec des jours de repos entre chaque étape.

« Deuxième débriefing à Carrozzu avec les enfants. L’option qui en est sortie était que je prenne un jour de repos le lendemain et puis que je continue la partie nord. » Jean-Marie

4.4 J3 : Carrozzu – Ascu-Stagnu (étape 3)

3,8km / 593D+ / 566D- / +-5h48

Avec mon frère et Thomas (un randonneur français qu’on a rencontré au refuge, il faisait le GR avec son beau-père), on est donc parti pour la troisième étape jusque Ascu-Stagnu. Une étape de 3,8km, 593m de D+, 566m de D-, pour une durée de +- 5h48.

Pendant que l’on marchait, notre père avait pris la décision de ne pas continuer du tout le GR. Alors que la veille, il avait décidé de tout de même faire la partie Nord. Le lendemain de sa journée de repos, il allait donc redescendre vers Calvi.

« Pendant ma journée de repos, je me suis dit que tout compte fait, la meilleure solution serait de redescendre sur Calvi via la forêt de Bonifatu et à ce moment-là je pouvais les rejoindre à Vizzavona et au moins les voir dans différents refuges et les accompagner sur des parties de GR. » Jean-Marie

« Alors on vit quand même une situation d’échec parce qu’on avait un objectif, un challenge au départ et il ne sera de toute façon pas atteint. D’un autre côté, on essaie de se faire une raison et de sauver les meubles et donc de pouvoir continuer à en profiter, même si l’objectif ne sera pas atteint, mais aussi de pouvoir en prendre du plaisir. » Jean-Marie

Le problème, c’est que dans notre tête il allait continuer le lendemain et nous en voyant cette troisième étape, on s’est tout de suite dit que ça n’allait pas le faire du tout. En arrivant à Ascu-Stagnu, on a donc essayé de le joindre pour le « dissuader », en quelque sorte, de se lancer dans cette troisième étape, mais comme lui était encore au refuge de Carrozzu et qu’il n’y avait pas de réseau, il nous était donc impossible de le prévenir… On avait même téléphoné à notre mère pour le prévenir si elle arrivait à le joindre le lendemain.

4.5. J4 : Ascu-Stagnu – Tighiettu (étape 4)

8km / 1251D+ / 949D- / +-6h45 / Passages techniques / Possibilité de monter jusqu’au sommet de la Corse : le Monteginto (2706m)

La quatrième étape est censée être la plus compliquée de tout le GR (selon différentes lectures). On est donc parti toujours avec cette idée que papa allait se lancer dans la troisième étape…

« Moi de mon côté je culpabilisais un peu de l’avoir laissé, mais en même temps, je voulais continuer pour finir notre challenge. Tout ça sans savoir qu’il avait pris, de lui-même, la décision de descendre à un village et de peut-être nous rejoindre par la suite. Tout le long de l’étape, je n’arrêtais pas de penser à ça ; est-ce qu’il a reçu nos messages ? Est-ce que maman a réussi à l’appeler ? Je culpabilisais, je n’arrivais pas à manger, donc c’était vachement compliqué mentalement pour moi. » Damien

« Arrivé à Calvi, je n’avais qu’une idée en tête ; les prévenir de mon choix. Et donc j’ai envoyé un SMS. Mais voilà, ce n’est pas du tout évident d’avoir du réseau sur le GR. Bien souvent, effectivement, on n’en a pas. » Jean-Marie

Après plusieurs kilomètres sur cette quatrième étape on a enfin capté du réseau et j’ai reçu un SMS de papa qui nous annonçait que finalement il avait pris la décision de lui-même de descendre vers Calvi et qu’il nous rejoindrait à Vizzavona. 

Pour nous, c’était un gros soulagement ! Une très bonne nouvelle pour continuer la suite du GR !

« À Calvi, j’ai pris le train vers Vizzavona pour pouvoir les accueillir. Vizzavona, c’est la transition entre le Nord et la partie Sud du GR. » Jean-Marie

« On s’est rendu compte que différents randonneurs qui étaient là au tout début, en fait, au jour le jour, nous demandaient des nouvelles de papa ; qu’est-ce qu’il fait maintenant ? Qu’est-ce qu’il faisait ? Et on s’est aussi beaucoup rendu compte de la solidarité qui entoure le GR, et ça, ça faisait très chaud au cœur. » Damien

Durant cette étape, tu as aussi la possibilité de monter jusqu’au sommet de la Corse : le Monteginto, à 2706m. Avant de commencer son ascension, tu peux déposer ton sac à la Pointe des Éboulis (2607m) pour être plus rapide. Il faut compter 1h30 aller/retour.

Cette quatrième étape est réputée pour être la plus compliquée du GR, mais on n’a pas trouvé. Au contraire, on l’a trouvée plus facile, par exemple, que la deuxième (peut-être parce qu’on a moins souffert de la chaleur tout là-haut).

On est ensuite arrivé au refuge de Tighiettu. La vue face au refuge est grandiose !

4.6. J5 : Tighiettu – Manganu (étape 5 et 6)

29,4km / 1387D+ / 1507D- / +-12h09 / Très longue étape

Le cinquième jour, on est parti pour la plus longue étape de notre GR : 29,8km, 1387m de D+, 1507m de D-, en 12h09. On doublait donc l’étape 5 et 6.

La première partie faisait +- 7km, elle était plus technique que la seconde portion qui faisait 22km et qui était un peu plus roulante.

« Clairement, c’était long, c’était vraiment long. En plus, pas beaucoup de sources sur la route. Même pas du tout. Donc à nouveau on est tombé à court d’eau et on a dû se ravitailler dans l’eau des vaches. C’est Damien qui avait pris sa gourde avec filtre et on a pu remplir les gourdes et Camelbak. Mais clairement, c’était une longue, longue, longue étape pour arriver au refuge de Manganu vers 19h, si je me souviens bien. » Nicolas

4.7. J6 : Manganu – Petra Piana (étape 7)

8,3km / 702D+ / 479D- / +-5h49 / Passages techniques

Le réveil, ce sixième jour, était un peu difficile. La veille, on n’a pas vraiment eu le temps de profiter du refuge et de réellement se reposer. On est donc reparti pour 8,3km, direction le refuge de Petra Piana.

« Sur cette étape, je suivais de quelques mètres un groupe et dans ce groupe il y avait une dame avec, je me souviens, une casquette rose et à un moment donné j’ai entendu un énorme cri, en fait cette dame venait de se fouler la cheville. Et là ça nous remet un peu les idées en place, parce qu’on se dit ; ah oui, ça, ça nous rappelle qu’il faut être extrêmement vigilant sur le GR et surtout quand j’ai regardé la tête des autres randonneurs, on avait tout de suite compris ce que ça voulait dire pour cette dame… En fait, c’était simplement la fin de son GR. » Damien

On est arrivé assez tôt au refuge. Accueilli par de la musique corse qui résonnait partout et qui mettait une très chouette ambiance.

« Arrivé à Petra Piana, là directement, bonne ambiance, comme à chaque refuge, donc là, on avait rejoint de ceux qui étaient partis devant nous, qu’on a rattrapés. Et alors c’est un des seuls refuges où ils font des frites, jusqu’à 15 h si je me souviens bien. Donc ça, c’était chouette. Un bon moment aussi et une bonne retape pour attaquer le lendemain. » Nicolas

Le but, quand on s’est lancé en full autonomie, c’était vraiment de se dire « on a porté toute notre nourriture pour 12 jours ». C’est vrai que parfois on craquait et donc on laissait au refuge un lyophilisé (c’était un des seuls craquages – des frites à autant de mètres d’altitude, tu peux comprendre).

Quelques heures après qu’on soit arrivé au refuge, on a entendu un hélicoptère qui allait atterrir. J’ai tout de suite compris que ça voulait dire que la dame avec la casquette rose avait pu finir le reste de l’étape, mais qu’elle devait être tout de même évacuée en hélicoptère.

4.8. J7 : Petra Piana – Vizzavona (étape 8 et 9)

17,8km / 964D+ / 1844D- / +-10h11 / Variante conseillée par les crêtes

Pour rejoindre Vizzavona, on a décidé de prendre la variante par les crêtes. On est parti plus tôt pour y admirer le lever du soleil. Je te conseille très fortement !

Ensuite, juste avant d’arriver au refuge de Vizzanova, on est passé par la cascade des Anglais. Un passage emblématique sur le GR20. On peut s’y baigner.

Quelques mètres après la cascade, il y avait un endroit pour se restaurer, c’est là que notre père nous attendait. Comme prévu ! Il nous avait rejoints à Vizzanova.

« Nicolas et Damien étaient assez lessivés. Ils venaient quand même de terminer le Nord, la partie la plus dure. Mais le GR20 n’est pas terminé, il y avait encore toute la partie Sud. On dit qu’elle est plus facile, mais il faut quand même se la farcir. ». Jean-Marie

Une fois installés au refuge, on a re croisé d’autres randonneurs avec qui on se suivait depuis le début. On a décidé de se faire un petit restaurant pour fêter la moitié du GR et les retrouvailles avec papa. Un lyophilisé en moins à porter !

« Le temps de monter les tentes, de boire un coup, on nous a proposé d’aller manger une pizza tous ensemble et c’est ce qu’on a fait. D’ailleurs, la pizza était super bonne. Manger une pizza juste devant l’ancienne gare, ça, c’était vraiment chouette. » Nicolas

Malheureusement, le pizzaiolo nous a annoncé que c’était la dernière saison que son établissement ouvrait.

4.9. J8 : Vizzavona – E Capannelle (étape 10)

14,8km / 971D+ / 323D- / +-4h54 / Début de la partie sud

On est parti pour 14,8km, avec 971m de D+, 323m de D-, tout ça en 4h54.

Le réveil a été assez difficile, mais d’un autre côté se dire qu’on allait entamer enfin la partie Sud du GR, ça faisait super plaisir.

« J8, donc là, on arrive à la moitié. Je téléphone à ma compagne Angeline et là, je vois la petite Thélya avec Messenger, c’était vraiment bien, ça m’a reboosté clairement de voir la petite. Ça faisait super plaisir et c’était vraiment un bon boost, me dire OK, il faut arriver au bout, comme ça elle sera fière de moi. » Nicolas

« Pendant que l’on continuait notre GR, de son côté, notre père, il vivait son propre GR20 et donc pendant que l’on continuait à marcher, lui, il avait décidé de prendre le train pour rejoindre Bavella et ensuite de marcher jusqu’au dernier refuge (I Paliri) pour qu’on puisse finir la dernière étape tous ensemble. » Damien

C’était une petite étape très roulante jusqu’au refuge d’E Capanelle (c’est une station de ski).

4.10. J9 : E Capannelle – Prati (étape 11)

18,1km / 1007D+ / 784D- / +-5h34

« Ça faisait déjà quelques jours qu’on avait commencé ce périple et au fur et à mesure que les jours passaient il y a une sorte de petite routine qui s’installait ; pliage et repliage de la tente, une petite Pietra à l’arrivée… J’ai commencé aussi à me dire qu’à la fin de ces 12 jours ça allait être compliqué de retrouver la civilisation. » Damien

De son côté papa descendait dans le sud direction Vizzavona.

« C’est vrai qu’à la base le challenge était que l’on puisse faire ce GR20 à 3, tous ensemble. On avait discuté de tout cela avant de partir, qu’il pouvait y avoir des imprévus ; des blessures, quelqu’un qui arrête. On s’était dit que dans tous les cas on continuait, même si c’était compliqué de mon côté, que j’avais culpabilisé tout un moment, mais on avait pris cette décision avant de partir et de toute façon notre père vivait aussi son propre GR. Dans tous les cas, on avait décidé de finir ce GR tous ensemble. Notre père avait décidé de nous rejoindre à la fin. » Damien

4.11. J10 : Prati – Asinau (étape 12, 13 et 14)

28,5km (sans notre déviation 25,8km) / 1779D+ / 2093D- / +-11h18 / Variante possible après le refuge d’Usciolu

Le dixième jour a été plus long et plus compliqué que prévu. En cours de route on a changé 2 fois de destination. Au début on a voulu aller jusque Matalza, puis on a changé d’avis pour rejoindre directement Asinau (refuge qu’on devait rejoindre 1 jour après dans l’itinéraire initial). On a modifié notre parcours pour éviter une grosse étape le dernier jour. 

Pour rejoindre Asinau on a voulu prendre une variante pour faire 5km de moins sur le programme. Après plusieurs kilomètres, on a encore décidé de prendre une variante (de la variante initiale) pour un peu moins monter et finalement on a un peu dévié du chemin, ce qui fait qu’on s’est écarté de la variante et on s’est retrouvé à faire de l’azimut en pleine montagne. Heureusement, on avait une carte sur Garmin Explore (sur mon iPhone) donc on n’était pas du tout perdu, mais il n’y avait aucune trace… On s’est donc retrouvé au milieu de nulle part à tenter de rejoindre le chemin du GR. Pour tout dire on a même croisé la route d’un sanglier.

Quelques heures plus tard, on est arrivé au refuge, on s’est installé, puis on a croisé Michel. Un phénomène ! Le gars faisait le GR20 à pieds nus ! Oui, tu as bien lu. Si tu veux tout savoir sur lui, c’est par ici ou en vidéo ci-dessous.

Parallèlement à notre journée, papa a fait les aiguilles de Bavela (nous on les faisait le lendemain), puis il a rejoint le refuge d’I Paliri.

« L’idée c’était de rejoindre le refuge d’I Paliri pour attendre Nicolas et Damien. Arrivé au refuge d’I Paliri, c’est un peu comme dans tous les refuges, quand on arrive on se dirige vers le gardien. J’ai dit que j’arrivais au refuge, mais que demain je resterai et je repartirai seulement le surlendemain. À mon avis, j’avais une tête qui revenait bien à la personne qui m’a reçu et il m’a dit ; c’est super, éventuellement demain matin, si tu veux, tu peux donner un coup de main. » Jean-Marie

« Dans ce refuge, il y avait un chanteur et également joueur de guitare, donc on a pu avoir une veiller, style feu de camp, c’était super sympa tous ces chants corses. C’était super convivial. » Jean-Marie

« J’ai eu l’occasion également de rencontrer des randonneurs avec qui j’avais démarré le tout premier jour et donc on s’est retrouvés à cette avant-dernière étape, dernier refuge. Ils ont eu l’occasion aussi de me donner des nouvelles de Nicolas et Damien, parce que les aléas du GR font qu’on prend un peu d’avance, un peu de retard, on double certaines étapes, mais il y a toujours bien un moment où on va retrouver ses compagnons. » Jean-Marie

4.12. J11 : Asinau – D’I Paliri (étape 15)

12,2km / 1177D+ / 1008D- / +-5h41 / Variante possible par les Aiguilles de Bavela

On est parti pour l’avant-dernière étape hyper motivés !

« Là, clairement, la motivation, c’est l’avant-dernière, l’avant-dernier jour pour nous. Donc on décide de prendre la variante par les Aiguilles de Bavella. Très bon choix, parce que c’était vraiment magnifique. Clairement, c’est recommandé. On en a eu plein la vue. C’était magnifique. » Nicolas

Pendant qu’on était en train de faire les aiguilles de Bevalla, papa aidait à décharger l’hélicoptère au refuge.

« J’ai donné un coup de main pour vider les bacs qui venaient des rotations de l’hélicoptère, puisqu’en fait, ils recevaient tout le ravitaillement de Bavella. Il y a une vingtaine de rotations. Ils déposaient les gros bacs et puis il fallait les vider, remettre une partie dans la réserve, une partie dans l’épicerie. Je me suis amusé à vider ces bacs et à remettre toutes les réserves d’apéritif du Belge comme ils appellent ça, c’est-à-dire la Pietra, soit dans la réserve, soit dans l’épicerie. L’expérience était pas mal, parce que j’ai pu vivre aussi un peu l’envers du décor, les coulisses du refuge… » Jean-Marie

Avec Nicolas, on est ensuite arrivés au refuge d’I Paliri et on a retrouvé papa.

« C’était vraiment chouette de le retrouver là. Pas blessé, en forme, reboosté et avec le sourire. Clairement, ça changeait des deux premières étapes de la partie Nord. Ça fait plaisir directement. On a bu une Pietra pour se remettre dedans. » Nicolas

À la tombée de la nuit, les randonneurs ont commencé à faire la fête. C’est le dernier refuge avant d’arriver à Conca donc tout le monde est content que ça se finisse, même si bien sûr on était quand même triste que ça se termine.

« L’ambiance clairement au dernier refuge, comme ça porte bien son nom, c’est le dernier refuge, donc il y a encore plus d’ambiance, les gens n’hésitent pas à faire la fête jusqu’à 3-4h du matin parce que le lendemain, c’est la dernière étape. Les gens clairement relâchent la pression et se laissent aller parce qu’ils savent que c’est la dernière étape. Après, c’est malheureux pour ceux qui commencent et qui sont à leur premier refuge. Mais pour la plupart des gens, c’est la dernière étape. » Nicolas

4.13. J12 : D’I Paliri – Conca (étape 16)

13,3km / 383D+ / 1177D- / +-3h57

Denier jour ! Papa est parti plus tôt, comme cela ça permettait qu’on arrive +- en même temps à Conca.

« Je me suis levé pour la dernière étape un peu plus tôt que Nicolas et Damien, parce qu’en fait, j’avais envie de partir, certainement 1h plus tôt pour arriver pratiquement ensemble à Conca. » Jean-Marie

Plus on approchait de la fin, plus l’excitation montait et plus on marchait rapidement.

« Clairement, on marche beaucoup plus vite, on sent que la fin est proche au fur et à mesure des kilomètres qui passent et pas beaucoup de D+, mais beaucoup de descentes sur des chemins. Donc c’était vraiment plus agréable que le début et la pression qui diminue, là on sait qu’on arrive à la fin. » Nicolas

Une fois arrivé sur la route à la fin du GR, ce n’est pas vraiment la “fin”. Disons que le but ultime de tout randonneur qui fait le GR20 c’est en réalité d’aller jusqu’au fameux panneau : « Arrivée du GR20. Vous voici au terme de votre odyssée. Vous avez parcouru environ 180km. Bravo ! »

« Arrivé sur le macadam et bien non ce n’est pas la fin. Il y a encore certainement quelques centaines de mètres à marcher sur une route que pour arriver à cette fameuse plaque où tout le monde prend une photo. C’est soit la fin du GR Nord-Sud, ou le début du GR Sud-Nord. » Jean-Marie

Une fois arrivé à cette fameuse plaque, c’est le soulagement, on passe par plein d’émotions ; la joie, la tristesse, l’euphorie, la fierté, la satisfaction… Tout ça en quelques secondes. Tout le monde se dit bravo, on se tape dans la main. Puis, tout le monde va au bar ! On était tous les 3 réunis.

Notre choix de restaurant a été très simple, on a vu burger/frites, on n’a pas réfléchi plus longtemps ! On a été manger au « Version Originale ». Qu’est-ce que ça faisait du bien !

À la base, le dernier soir avant de prendre l’avion, on avait prévu de loger dans un Airbnb, mais le gars s’était trompé dans la réservation et du coup il n’était plus disponible. Enfin… il nous mettaient quand même à disposition un jardin pour planter notre tente. Mais bon après 12 jours sous tente, on voulait autre chose…

« Donc là, à table, on discute un peu et on n’avait vraiment, vraiment, vraiment pas envie de dormir dans le jardin d’un Airbnb, ce qui était prévu à la base. Donc là, on décide qu’on ne méritait pas ça, qu’on méritait quand même mieux pour la dernière nuit. Donc on a été chercher sur Internet et on a découvert un très bel hôtel avec piscine. » Nicolas

On a logé dans un super hôtel près de l’aéroport. Il s’agissait en fait d’une superbe ferme auberge “Pozzo di Mastri”.

On a donc profité tout le reste de l’après-midi ; piscine, dodo, manger…

Le soir on s’est bien fait plaisir au restaurant de l’hôtel. On ne savait pas trop à quoi s’attendre. On nous a servi un repas ; entré, plat, dessert avec que des produits locaux, les légumes venaient directement de leurs cultures derrière l’auberge. On était chaos après !

4.14. J13 : Retour vers la Belgique

Le matin, on a pris un taxi pour rejoindre l’aéroport de Figari, notre vol était à 7h20.

« Lorsque nous sommes arrivés à l’aéroport, de nouveau, on a pu parler un petit peu avec des randonneurs qu’on avait croisés au départ de Charleroi et qui allaient reprendre l’avion avec nous vers la Belgique, donc c’était vraiment sympa. Et là, on a pesé les sacs avant l’embarquement et ça faisait vraiment bizarre parce qu’ils avaient pratiquement diminué de moitié de poids, donc on se retrouvait avec un sac d’une dizaine de kilos. Ça, c’est ce qu’il aurait fallu pour démarrer. » Jean-Marie

On a atterri à l’aéroport de Charleroi à 9h15 et c’est maman qui venait nous chercher.

« Arrivée à l’aéroport de Charleroi Sud, on retrouve ses proches. Je retrouve Myriam, mon épouse, avec une petite larme à l’œil. Et bien sûr, ça fait plaisir de retrouver ses proches. » Jean-Marie

« Elle avait beaucoup peur pour nous quand même. Mais voilà, ça a fait plaisir. C’était vraiment chouette de rentrer. Ça faisait bizarre aussi de ne plus partir pour une étape. Ça a vraiment fait bizarre et plaisir en même temps. » Nicolas

« Si j’analyse mon GR, je peux l’analyser sur différents points. Alors c’est vrai que le premier point, je n’ai pas atteint l’objectif, donc c’est un échec. D’un autre côté, j’ai pu aller profiter de cet échec et en faire quand même quelque chose de positif, puisque j’ai randonné, j’ai fait des variantes. J’ai vu autre chose aussi que le GR traditionnel et aussi j’ai pu profiter des enfants, les accueillir dans les bivouacs, marcher à un moment avec eux. Donc aller à ce niveau-là, c’est positif. Et donc maintenant, si c’était à refaire, je m’y prendrais différemment. » Jean-Marie

« Cette aventure, j’en retiens pas mal de choses. D’un côté, l’aventure humaine avec tout ce qu’on a vécu avec mon frère et mon père, mais aussi toutes les rencontres qu’on a faites. Et ensuite, c’est le challenge sportif et mental. Tout s’est super bien passé, des hauts et des bas, mais c’est ce qu’on venait rechercher sur le GR et sportivement aussi. Pas de blessure, rien du tout. Tout s’est très bien passé. Quelques courbatures, mais ça c’est normal et donc très très fier d’avoir fini ce GR. » Damien

5. Le découpage résumé de notre GR20 en 12 jours

Le tableau se base sur les données récoltées avec la Garmin de Nicolas. Le timing comprend aussi les pauses.

Jours

Étapes

Km

D+

D-

Timing

J1 : Calenzana – Ortu Di U Piobbu

Étape 1

11,8km

1404D+

189D-

+-6h29

J2 : Ortu Di U Piobbu – Carrozzu

Étape 2

6,4km

576D+

896D-

+-7h31

J3 : Carrozzu – Ascu-Stagnu

Étape 3

3,8km

593D+

566D-

+-5h48

J4 : Ascu-Stagnu – Tighiettu

Étape 4

8km

1251D+

949D-

+-6h45

J5 : Tighiettu – Manganu

Étape 5 et 6

29,4km

1387D+

1507D-

+-12h09

J6 : Manganu – Petra Piana

Étape 7

8,3km

702D+

479D-

+-5h49

J7 : Petra Piana – Vizzavona

Étape 8 et 9

17,8km

964D+

1844D-

+-10h11

J8 : Vizzavona – E Capannelle

Étape 10

14,8km

971D+

323D-

+-4h54

J9 : E Capannelle – Prati

Étape 11

18,1km

1007D+

784D-

+-5h34

J10 : Prati – Asinau

Étape 12, 13, 14

28,5km

1779D+

2093D-

+-11h18

J11 : Asinau – D’I Paliri

Étape 15

12,2km

1177D+

1008D-

+-5h41

J12 : D’I Paliri – Conca

Étape 16

13,3km

383D+

1177D-

+-3h57

6. Les refuges sur le GR20

Avant de partir, on a réservé la plupart des refuges sur le site du PNR (Parc Naturel Régional de Corse). À re faire on ne réserverait pas du tout de refuge, car finalement on se sentait, en quelque sorte, coincé par l’itinéraire prévu au départ comme on avait payé les réservations (même si à la fin de notre GR on a fait une modif, à 1 jour prêt on a pu négocier pour que la réservation du refuge prévu avant soit prise en compte pour celui-là). On a croisé tellement de personnes qui n’avaient pas réservé que finalement on s’est demandé si ça servait à quelque chose, mise à part payer moins cher… Personne n’a jamais été refusé (ce serait bizarre en même temps de refuser quelqu’un, la personne fait quoi alors ?).

7€ l’emplacement pour une tente en réservant.

Pour le refuge de l’Alzarella (Vizzavona), on a réservé via leur site, car ce n’est pas un refuge géré par le PNR. 8€ l’emplacement pour une tente.

Même chose pour le refuge d’E Capannelle, on a réservé aussi via leur site. 8€ l’emplacement pour une tente.

Chaque refuge est équipé d’une épicerie, de douches, de toilettes et tu as la possibilité de charger ton téléphone ou autre chose dans le refuge (parfois en payant, mais souvent gratuitement).

7. Mon sac

La liste du matos que j’ai emporté avec moi :

Matériel

Kg

Commentaire

1,9kg

240€

Tente parfaite niveau rapport/qualité/prix ! Aucun souci ! Je l’ai prise en 2p pour avoir de l’espace, mais à refaire pour gagner un peu de poids je prendrais peut-être la 1p (car en full autonomie, 100g de gagnés, c’est 100g de gagnés).

2,2kg

179€

Résistance au top. Rien à dire.

Chaussures Trident Guide GTX (Millet)

161,96€

Franchement rien à dire. Grip au top, avant du pied renforcé, talon renforcé. Seul hic c’est au niveau de mes talons qui n’ont pas trop aimé les chaussures… Cloches à gogo.

290g

60€

Utile si le temps est capricieux, mais avec le beau temps qu’on a eu, je n’ai pas du l’utilisée.

574g

90€

Très bon rapport qualité/prix. J’ai déjà fait pas mal de randos/bivouacs sous la pluie avec et je n’ai jamais eu aucun souci. Je n’ai pas dû l’utiliser sur le GR.

370g

15€

Avec ce matelas, tu y gagnes en poids, mais pas forcément en confort ! Donc à refaire, je partirais avec le matelas MT500 air (510g), même si je gagne 140g avec l’autre. On dormait très très souvent sur un sol dur, donc un peu plus de confort n’aurait pas été de refus.

950g

190€

Même si les températures étaient clémentes, en montagne, il vaut toujours mieux anticiper la météo. C’est pourquoi j’ai préféré prendre un 0°c, même si certaines nuits j’avais trop chaud.

107gx3= 321g

36€

Top pour protéger et compresser le sac de couchage. J’en avais aussi utilisé 2 autres pour ma doudoune et mes vêtements, mais maintenant j’utilise des sacs Ikea que je réutilise à chaque fois (beaucoup moins lourd). Pour le sac de couchage, je continue à utiliser cette housse.

35g

44,95€

J’utilisais ma frontale seulement le matin et le soir (quelques minutes), donc la Bindi faisait clairement l’affaire. Tu gagnes du poids.

Chargeur externe Onpower 310 5200MAH (Décathlon)

200g

25€

À ma connaissance, il n’est plus dispo chez Decathlon Belgique.

35gx2 = 70g

12€x2 = 24€

Les flasques sont moins lourdes que des bidons. Je les mettais dans les porte-bidons. De plus, ça prend beaucoup moins de place dans le sac si tu devais les y mettre.

63g

49,95€

Pour moi, c’est le filtre le plus pratique. Tu remplis la flasque puis tu remplis tout ce que tu veux avec. Tu peux aussi directement boire au filtre (gros avantage). Depuis que je l’utilise, je n’ai jamais eu aucun souci de santé. Comme tu as pu le lire, on a même filtré de l’eau dans laquelle les vaches buvaient et faisaient leur besoin… C’est une des seules fois où on a dû l’utiliser, le reste du temps l’eau est en général potable, si ce n’est pas le cas, il est indiqué.

208g

44,95€

J’avais hésité à prendre un Camelbak, de peur qu’il ne fuite. Finalement, ç’a été le meilleur choix ! Comme nos sacs étaient full, on le plaçait horizontalement tout au-dessus et on refermait le sac dessus. Cela permettait de ne pas galérer à le mettre dans la poche dorsale et en même temps d’y accéder facilement pour le remplir.

142gx12=1704

152gx12=1824g

152gx11=1562g

=5090g

3,95€x12=
5,70€x23=131,10€

Et oui, tu lis bien. On est parti avec 5kg de bouffe. Finalement, on ne mangeait pas le midi, on avait assez avec le petit-déj et les barres. Du coup, on laissait le lyo du midi près des cuisines quand on arrivait. Tu verras, pas mal de randonneurs laissent le matos avec lequel ils ne continuent pas. Tu peux trouver des lyo, des cartouches de gaz… Chaque lyo faisait 600 kcal, vraiment pas mal donc. Avec 600kcal dès le matin, j’avais assez pour tenir la journée. Et à re faire, je prévoirais plus de barres pour compenser le repas du midi, car même si on ne le mangeait pas, si on avait eu faim, il aurait alors fallu sortir le réchaud… Ça aurait été ennuyant. On a pris ceux de chez Adventure Food, ils proposent un large choix de menu, pas trop cher (même si depuis, ils ont augmenté leur prix) et avec un nombre de kcal assez élevé.

80g

22€x2 = 40€

Idem. Le top du top ; limite les odeurs et sèche rapidement.

320g

65€

Je l’ai utilisé le soir pour dormir.

67g

20€

Des chaussettes composées d’une double épaisseur, cela permet moins de contact entre la peau et la chaussure, mais ce n’est pas ça qui m’a sauvé des cloches.

359g

80€

Je l’ai utilisé tous les soirs. Je n’ai jamais dû ajouter une couche. Les poches sont utiles le soir pour emmener tes affaires (PQ, GSM, portefeuille, frontale…) et ne pas devoir revenir à ta tente si tu es loin d’elle.

191g

40€

Pas utilisé.

54g

12€

Je l’ai utilisé le soir quand ça commençait à se rafraichir.

34g

12€

Pas utilisé.

181g

6€

225g

25€x2= 50€

Short au top pour de fortes chaleurs comme sur le GR. Il est léger et sèche rapidement. Par contre, il a l’air un peu fragile à première vue, mais aucun souci sur le GR.

320g

320g

Le top du top ; limite les odeurs et sèche rapidement.

45g

3€

Sèche rapidement, léger et peu encombrant.

8g

2€

Je l’utilisais pour frotter mon réchaud avant de le ranger.

50g

10,95€

Utile si tu as vraiment un doute sur l’eau. On n’a pas dû l’utiliser.

Matos divers (lacets de rechange, lanières, bic, bouts de scotch)

90g

+-10€

On ne sait jamais, un lacet qui casse, un trou dans la tente…

Trousse toilette (dentifrice solide, brosse à dents, produit lentilles, boite lentilles, boules quies)

197g

10€ 

J’utilisais du dentifrice solide, tu y gagnes en poids. J’avais aussi pris des boules Quies, ça m’évitait d’être réveillé par le vent ou tout autre chose bouillante.

Briquet

25g

1,20€

Pharmacie (hansaplast, compresses, couverture de survie, Dafalgan, pince tic, désinfectant)

257g

+-30€

Toujours utile d’avoir sur soi une petite pharmacie de secours. La couverture de survie est toujours utile pour n’importe quelle sortie, même en Belgique.

Lingettes humides

356g

1,19€

330g

85€

Les gros plus de ce réchaud : l’eau bout très très rapidement et tu peux ranger le brûleur et ton gaz dans le réchaud (tu gagnes donc de la place dans ton sac). De plus, le récipient noir qui entoure le brûleur peut être utilisé comme bol, tasse, ou autre.

230g

6€

11g

2€

Légère et se range partout.

Rouleau de papier toilette

78g

0,75€

On peut en acheter dans les épiceries des refuges, mais bon à 3€ quoi.

572g

194,95€

Des bâtons ultras légers et ultras performants. Ne néglige pas l’achat des bâtons, tu vas les utiliser en permanence. Tu dois aussi leur faire entièrement confiance, car en descente, perso, je mettais parfois tout le poids de mon corps + sac dessus.

32g

12€

Pas utilisés.

28g

22€

Très utile ! Le soleil tape en permanence.

89g

999,95€

Utile pour enregistrer le tracé, mais du tout indispensable. Le parcours est très bien fléché.

294,5g

7,95€

C’est un produit biodégradable.

25g

6€

J’en ai mis tous les matins avant de démarrer entre les cuisses.

35gx12= 70g

8,50€ (pour 10)

124kcal. À mon avis, à refaire, je prendrais peut-être des barres avec plus de kcal. Mais ça fait le taffe.

20gx12= 240g

8,50€ (pour 5)

56kcal.

21gx12=252g

3,30€ (pour 10)

79kcal.

Tapis de sol tente MT900 2p (Forclaz)

300g

40€

Idéal pour éviter de trouer le dessous de la tente et cela fait une couche en plus pour s’isoler du sol.

480g

44,99€

C’est celui-ci que j’ai le plus utilisé. Finalement, à re faire, j’utiliserais le nouveau que j’ai acheté, le Xtorm Titan 27200 MAH. Je gagne en poids et en longévité.

79g

5,50€

J’en mettais une fois par jour.

47g

6€

J’y mettais mes lunettes de vues.

Porte-bidon Raidlight (en seconde main)

71gx2=142g

10€x2=20€

Je tenais absolument à avoir toute mon eau à disposition sans devoir déposer mon sac. J’ai donc opté pour ce système de porte bidon à placer sur les bretelles du sac. Vraiment le pied de pouvoir boire 3L d’eau, sans jamais devoir poser son sac.

14g

12,99€

Simplement 2 petits élastiques à placer au niveau de la ceinture du sac. Ces 2 petits élastiques me permettaient de ne pas devoir retirer mon sac pour placer mes bâtons, mais simplement de les attacher à hauteur de la ceinture du sac. Ça ne me gênait pas du tout pour les passages d’escalades. De plus, tu gagnes forcément en rapidité, car tu les replis et les reprends à vitesse grand V et sans devoir t’arrêter.

90g

3,39€

Total du sac : 18,977kg + l’eau (3L) = 21,977kg

Total budget matos + nourriture : 2 239,07€ + montre Garmin : 5 468,09€

8. Mon budget

Billets d’avion : 239,30€

Refuges : 79€

Nourriture en full autonomie : 151,40€

Total : 469,70€ 

Total avec tout mon matos : 2 557,37€ + montre Garmin : 3 557,32€

Donc si tu as déjà tout ton matos et que tu le fais en full autonomie, finalement le GR ne te revient pas trop cher.

S’ajoutent à tout cela les petits extras : Pietra (6-7€ généralement en 50cl), l’apéro, le resto de fin, le logement de fin…

9. Conclusion de notre GR20

Le GR20, ça se prépare ! Chacun le fait à son rythme ! Nous, on a voulu le faire en se mettant des difficultés, c’était notre choix. Il y a tellement de façons différentes de faire « son » GR20, tu viens de lire une des manières de le faire.

J’espère que j’ai pu t’aider à préparer le tien. N’hésite pas à poser tes questions en commentaires, j’y répondrai avec plaisir.

En tout cas ce fut une expérience de dingue ! Je le referai, ça, c’est certain !

6 Commentaires

  1. Christophe LHORTOLARY

    Je suis tombé par hasard sur votre publication. Je suis le mari de la femme à la casquette rose qui s’est fait une belle entorse à la cheville droite avant Pietra Piana. Je vous rassure elle va bien maintenant malgré encore quelques douleurs. Elle a été prise en charge à l’hôpital de Corte mais ils l’ont jeté dehors après la radio. Heureusement elle a réussi à avoir la dernière chambre libre à l’hôtel situé en face de l’hôpital. Nous étions parti à 3, on est reparti à 2 de Pietra Piana et on a fini à 14. Le GR20 est une vraie aventure humaine. Apres 13 jours de randonnée j’ai retrouvé Lili avec ses béquilles à Conca.

    Réponse
    • hsnexplore

      Bonjour Christophe, merci pour ton commentaire. Quel heureux hasard ! Je suis content de lire que tout va bien pour Lili. Vous comptez le re faire plus tard ?

      Réponse
  2. Kristel Staquet

    J ai dévoré cet article super bien écrit. Merci pour ce partage. Je prévois la partie sud du gr20 en juin 2024 et j’ai encore plus hâte d’y être. Je suis aussi Belge en région Liégeoise 😊

    Réponse
    • Bussers Rodolphe

      Hello,
      On est 3 Liégeois qui nous préparons également a faire le gr20 mais nous ce sera plutot 2025.
      On aura sans doute pas mal de questions d’ici la.
      Merci pour vos retours et votre video YT.
      Au plaisir

      Réponse
      • hsnexplore

        Bonjour Krystel,

        Très bon choix de trek ! N’hésite pas si tu as la moindre question 🙂

        À bientôt et bonne prépa !

        Réponse

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