Si tu n’as pas le courage de tout lire, je te propose un résumé en fin d’article avec toutes les infos pratiques.
1. Les sentiers d’art, c’est quoi ?
C’est donc une boucle de 144km. Elle traverse les communes de Ciney, Hamois, Gesves, Ohey, Havelange et Somme-Leuze. Le principe de cette randonnée est que tout le long du parcours, on croise différentes œuvres d’art du courant artistique Land Art. Un courant « […] apparu au cours des années 60. L’artiste intervient directement sur l’espace et les composantes du paysage et de la nature, avec des matériaux naturels (branches, roches, feuillages, foins, etc.) et l’installation évolue avec le temps jusqu’à son éventuelle biodégradation. Il s’agit donc bien souvent d’œuvres éphémères. (Sentiers d’art) » Sur le parcours il y a plus d’une cinquantaine d’œuvres.
Chaque œuvre invite à la réflexion sur plein de sujets différents : l’écologie, la société…
On peut même dormir dans certaines de ces œuvres ! J’ai dormi dans 4 d’entre elles. Tu peux retrouver toutes les œuvres/bivouacs ici.
Bien sûr tu n’es pas obligé de faire l’entièreté du parcours. Il y a pas mal de possibilités de petites boucles. Tu peux toutes les retrouver ici.
2. Mon programme
À la base la grande boucle est prévue pour être faite en 6-7 jours (si tu veux la faire peinard), mais je me suis donné comme défi de la réaliser en 5 jours. Un gros challenge relevé dans la joie et la bonne humeur… et sous la pluie.
En période de chasse, n’oublie pas de vérifier si les chemins que tu prévois d’emprunter et les zones de bivouacs ne sont pas fermés. Pour plus d’infos, contacte l’office du tourisme avant de partir.
3. Parcours
J’ai démarré mon périple à Ciney. Sache que tu peux le commencer depuis la commune de ton choix. J’ai choisi Ciney comme point de départ afin d’assurer une répartition équitable du nombre de kilomètres par jour sur les 5 jours de randonnée, en tenant compte aussi de la distance entres les bivouacs.
D’une manière générale, j’ai considéré le parcours comme accessible et facile d’un point de vue technique. Mais pour moi qui suis un amateur des sentiers à travers les bois, j’ai trouvé que j’avais beaucoup marché sur du goudron, ce qui m’a un peu déçu. Je suppose que l’intérêt du parcours est aussi de traverser les différentes communes partenaires du projet, ce qui implique forcément des passages sur des routes. Et puis… 144km uniquement à travers les bois en Belgique ? Impossible… Donc j’arrête de faire mon difficile, mais comme ça tu sais un peu à quoi t’attendre.
Le parcours est très bien fléché ! Je me souviens avoir dû chercher un panneau ou deux, mais sans plus. C’est un gros point positif. Le balisage est un rectangle rouge sur fond blanc avec écrit dessus « Sentiers d’art ».
4. Comment s’y rendre ?
J’ai garé ma voiture sur le parking de la Place Roi Baudouin, près du hall omnisport et du centre culturel de Ciney. Le parking est gratuit. Attention, le marché s’y installe certains lundis de juillet et d’aout. Plus d’infos ici.
La gare de Ciney se trouve aussi sur le chemin, il n’y a donc aucun problème pour s’y rendre en transport en commun.
5. Les bivouacs
Il existe 7 aires de bivouac sur l’ensemble du parcours. Tu as donc la possibilité de dormir dans 7 œuvres d’art.
Il n’est pas possible de réserver ta place dans l’œuvre, c’est donc : premier arrivé, premier servi.
En semaine et sous la pluie, je ne risquais pas de croiser grand monde… Mais si quelqu’un est déjà sur place quand tu arrives, tu as la possibilité d’installer ta tente à proximité de l’œuvre (4 tentes maximum).
5.1. Torvtak
Le premier soir, j’ai dormi dans l’œuvre de l’artiste espagnol Mario Bocolloni, « Torvtak », réalisée en 2019. Ce bivouac est situé à Hamois.
« Torvtak est le terme qui définit les toits végétaux norvégiens. L’abri est inspiré de cette technique nordique qui lui permet de se fondre dans le paysage et de ne faire qu’un avec la nature environnante. Pour accentuer cette sensation d’unicité, Torvtak prendra des formes organiques, arrondies, en symbiose avec les bois qui l’entourent. (Sentiers d’art) »
J’ai apprécié l’œuvre, une petite maison perdue en pleine forêt. Il est probablement plus agréable d’y dormir par temps sec. Malheureusement, elle n’est pas du tout adaptée en cas de pluie. La grande porte et la fenêtre ouverte ne sont pas idéales. J’ai donc dû installer mon tapis de sol sur la porte pour éviter que le vent ne chasse la pluie vers moi pendant que je dormais. Au niveau de la fenêtre, ça allait encore, peu de pluie s’introduisait dans l’abri.
Tu peux dormir dans l’œuvre seul ou à deux maximum (en étant serré).
27,8km depuis Ciney – Bivouac au km 27,8.
5.2. Sous son ail
J’ai passé ma deuxième nuit dans l’abri « Sous son aile », situé à Haltinne. Contrairement à l’œuvre précédente, celle-ci était tout à fait adaptée à la pluie. En plus, il y avait une table juste en dessous, parfaite pour préparer son petit repas avant une bonne nuit de sommeil. Cet abri peut accueillir une personne seule ou deux personnes. C’est une œuvre réalisée par l’artiste belge Christian Lagrange en 2017.
32,4km depuis l’abri Torvtak – Bivouac au km 59,3.
5.3. Tout encoquillé
La troisième nuit, après avoir parcouru 36km, j’ai dormi dans l’abri « Tout encoquillé ». Oui, oui, ça faisait un bien fou d’arriver au bivouac ! Je me suis installé alors qu’il pleuvait encore et heureusement, car j’ai pu repérer les fuites avant de déplier mon sac de couchage et ainsi dormir au sec. Pour empêcher l’eau de s’infiltrer à travers de petits trous dans la structure, j’ai installé mon tapis de sol tout autour de l’arrière de l’œuvre. Par contre, je n’ai eu aucun souci avec la porte. Le réveil était un peu humide, mais rien de bien grave.
Cet abri porte très bien son nom, j’ai vraiment ressenti cette impression d’être dans ma propre coquille, dans mon cocon, perdu au milieu des bois. C’est un abri conçu pour une seule personne. L’œuvre est du Belge Christian Lagrange et a été réalisée en 2018.
« Un petit nid pour y passer la nuit, discret et bucolique. (Sentiers d’art) »
36,1km depuis l’abri Sous son aile – Bivouac au km 95,4.
5.4. Cubique
J’ai passé ma dernière nuit à proximité de l’abri « Cubique ». L’œuvre est jolie et bien réalisée, mais pas du tout pratique pour une nuit sous la pluie ! Le toit ne recouvre que la partie “lit” du bivouac, laissant le reste complètement ouvert. Avec du vent et de la pluie, c’est pour finir complètement trempé. J’ai donc décidé d’installer ma tente pas loin de l’abri. C’est la première fois que j’ai dû l’installer, mais bon, je n’avais pas trop le choix si je ne voulais pas passer la nuit sous la douche. Dans l’abri, il n’y a qu’un seul « lit » disponible. L’œuvre a été réalisée par les artistes français Isabelle Aubry et Pierre Guillotaux, en 2018.
20,7km depuis l’abri Tout encoquillé – Bivouac au km 115.
6. Mes œuvres coups de cœur
6.1. Les Fourmis
J’ai croisé le chemin de ces fourmis géantes assez impressionnantes, non loin d’une ferme. Ça m’a tout de suite fait penser à ces chiens que l’on rencontre souvent près des fermes, en liberté.
Pour le coup, des animaux d’un tout autre genre…
Œuvre réalisée par l’artiste belge Xavier Rijs.
6.3. La Chaise brûlée
Je continue de marcher, encore et encore, puis je tombe nez à nez sur une chaise géante au bord de la route. Après avoir parcouru tous ces kilomètres, je dois avouer que ça m’a fait sourire. Et hop un petit coup de boost pour continuer. Par contre, la légende de l’œuvre prête moins à sourire…
Œuvre réalisée par l’artiste belge Françoise Bastin.
6.4. Trisekele
Une œuvre qui a sauvé l’une de mes pauses bouffe sous la drache. Dédicace donc.
Œuvre réalisée par l’artiste estonienne Tiiu Kirsipuu et l’artiste estonien Kalle Tiisma.
6.5. Levitas
C’est un des premiers abris que j’ai croisés sur mon chemin. Quand je l’ai vu, j’ai tout de suite été impressionné, on aurait vraiment dit que l’abri était en lévitation.
Œuvre réalisée par les artistes belges Nicolas Bourguignon et Xavier Willot.
6.6 Farakas 4
Cette œuvre m’a tout de suite tapé dans l’œil. Une fois la porte franchie, on a l’impression de sortir d’une dimension pour entrer dans une autre, c’est une sensation assez agréable.
Œuvre réalisée par l’artiste français Marc Averly.
6.7. Morpho
Au bout d’un long chemin, j’ai aperçu une petite chapelle et à côté, une multitude de papillons bleus. Un mirage ? Non ! De la couleur dans un moment de “douleur”, alors qu’il pleuvait des cordes. J’ai trouvé refuge dans cette petite chapelle au milieu de nulle part pendant une heure, quel soulagement.
Œuvre réalisée par l’artiste française Isabelle Aubry.
6.8. Woven Shelter Seat
Une petite pause avec une jolie vue, c’est ce que propose cette œuvre d’art.
Œuvre réalisée par l’artiste anglais Tim Norris.
6.9. Trivouac
C’est un des abris proposés sur le parcours, il est composé de 3 “chambres”. Cela m’a tout de suite fait penser au bivouac “classique” avec les tentes disposées en rond et le feu au milieu. J’y ai fait une pause bouffe le troisième jour.
« C’est une coque en bois retournée. On pourrait penser à une barque retournée, mais l’objet est monolithique, sculpté d’une seule pièce, pour faire transparaitre un mouvement, un élan. La forme en ogive est privilégiée pour une question d’espace et pour sa dimension sacrée. Elle se veut inspirante et de reliance entre le bas, notre chaire, le moi de chacun, notre terre, et le haut, le cosmique, l’UN. À la frontière entre sculpture, land art et (espace) fonction(nel). Le texte sacré gravé dans chacune des cahutes, invite à l’éveil des âmes. La forme des objets en longueur invite au repos et la pause…. des cocons de bois. (Sentiers d’art) »
Œuvre réalisée par l’artiste belge Norska-Alexandre Rossignon.
7. Reportage Coute que coute – RTL
Le deuxième jour de mon périple, Jacques Vandenbiggelaar et son équipe sont venus à ma rencontre au bivouac « Sous son aile ». Ils réalisaient un Coute que Coute sur la randonnée. Ça tombait à pic ! Après avoir parcouru 32km, ils sont venus me filmer et me poser des questions sur le bivouac, la randonnée et les applications, comme Wewards, qui permettent de marcher et gagner de l’argent en marchant. L’émission complète est à voir ici.
8. Infos pratiques
Parcours : en boucle
Nombre de km : 144
Jours : 5
Nuits : 4
Départ : Ciney (parking gratuit Place Roi Bauduin) – Gare à proximité
J1 : 27,8km – Logement : bivouac “Torvtak” au km 27,8
J2 : 32,4km – Logement : bivouac “Sous son aile” au km 59,3
J3 : 36,1km – Logement : bivouac “Tout encoquillé” au km 95,4
J4 : 20,7km – Logement : bivouac “Cubique” au km 115
J5 : 26km – Fin au km +- 143
Nombre d’heures de marche : +- 34h
Nombre de km/h de moyenne : 4,2
D+ : 2730m
9. Conclusion
C’est une microaventure originale que je recommande vivement ! Par contre, ce n’est pas l’itinéraire à choisir si tu cherches à être en immersion totale dans les bois. Cependant, je te le conseille si tu recherches un parcours à réaliser sur plusieurs jours, pas très technique et riche sur le plan culturel.
D’année en année, j’imagine bien entendu que les œuvres, dont les abris/œuvres, se dégradent. Il faudrait donc que je re face bientôt le parcours pour me faire une idée de cette biodégradation. En 2022, pas mal de nouvelles œuvres ont vu le jour, je prévois donc de refaire rapidement le parcours pour les découvrir toutes !
Faire une randonnée sous la pluie est une expérience totalement différente que sous un grand soleil. Le moral en prend un coup de jour en jour, il faut donc trouver des combines pour garder la motivation et surtout : éviter de prendre froid à cause de l’humidité. C’est pour cela qu’il faut du bon matos avant de se lancer dans une aventure pluvieuse.
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